Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Les intouchables Von Pariahs

Depuis leur passage aux Transmusicales en 2012, la rumeur était persistante. La raison : cette résonance so british dans le gosier et des tronches blafardes de rosbifs à ne savoir faire que du rock... Sauf qu’ils sont Nantais.

Von-Pariahs live

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Katerine ou les Little Rabbits dans les 90’s, ils font partie de ceux qui ont traversé la Loire. Originaire de Fontenay-le-Comte en Vendée, le groupe a fait du terreau fertile nantais (C2C, Pony Pony Run Run, Sexy Sushi…) sa nouvelle patrie. Par obligation – les études –, plus que par nécessité. Une influence qui, si les six membres ne la revendiquent pas (tout juste notent-ils une certaine « qualité » de l’environnement, citant Rhum For Pauline ou Pégase), participe sans doute d’un mécanisme inconscient. Question d’énergie.


Six mâles, donc. Six copains d’enfance qui, excepté un chanteur né à Jersey, Royaume-Uni, n’ont pas de lien direct avec « l’empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais ». Ou alors avec une pile poussiéreuse de vinyles UK. De quoi expliquer le pillage en règle des Gang Of Four, Jesus and Mary Chain et tout ce qui est rangé au rayon je-n-ai-pas-révolutionné-la-coiffure (si si, entre cold wave et post-punk). Côté contemporains, on imagine sans peine quelques emprunts aux Strokes ou chez les Franz Ferdinand des débuts. Pourtant, si le champ lexical des arrangements reste marqué, les vingtenaires s’affranchissent rapidement du pastiche. D’où les louanges.
« Le buzz ne nous fait pas peur dans la mesure où on fait la musique que l’on aime », affirme Théo Radière, guitariste et cerveau de la troupe. Chez lui, l’inverse s’avère vrai également : « Même une mauvaise chronique me donne de l’énergie », rappelant au passage le caractère spontané de leur musique et l’inutilité de continuer à travailler leur live. Blaguant même : « Les résidences ? On en a fait, oui. Pour notre ingénieur son… »


Pour autant, on aurait tord de n’y voir que le fruit du hasard. À raison de trois répétitions par semaine pendant 2 ans, l’aventure des ex-Fat Pandas a eu des allures de préparation de haut niveau. « Rien de sportif là-dedans », coupe Théo. Ajoutant que « la musique est une passion. Un réel besoin. C’est notre vie depuis que nous avons 12 ans… » Il faut rappeler que les bonhommes se sont rencontrés sur les bancs de l’école vendéenne, là où le rock y est justement tricard (« pariahs » vient de là). Le choc ? Le film « Control », biopic sur le leader de Joy Division, dont la mélancolie et l’urgence font mouche chez les musiciens. Assez pour inspirer au dessinateur Luz (Charlie Hebdo) la remarque suivante : « Ian Curtis n’est pas mort. Il se bourre la gueule à Nantes. »


Le guitariste insiste sur cette « aventure humaine » qui le lie à ses camarades : « Pas envie d’un groupe d’accompagnement. OK, ce sont mes compositions sur les paroles de Sam, mais l’énergie développée est transcendantale. Je ne pourrais pas faire ça avec d’autres. Je pense que ça transpire en live et sur album. » Acquiescement général. À se remémorer les bougres sautiller sur scène, on imagine que la retranscription de leurs lives énergiques sur album ne fut pas chose aisée. Peut-être la raison pour laquelle ils engagèrent David Odlum (Anna Calvi, le Grammy award de Tinariwen…), histoire de réussir à mettre le tigre en cage... En bonus ? Les Rennais The Popopopops pour quelques chœurs. Rien que ça.

Tenez-vous le pour dit : les Anglais ont redébarqué. Et sont là pour quelques années...


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Chronique

 

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