15 Novembre 2014
Multi-récompensé (deux Molières en 2010 et 2011, puis cinq César en 2014), Guillaume Gallienne continue de fouler les planches en compagnie de la troupe dont il est sociétaire : la Comédie-Française.
Avant d’être une pièce aigre-douce, puis un film de NikitaMikhalkov (1979), « Oblomov » est avant tout un roman d’Ivan Gontcharov, publié en 1859. Ecrivain russe majeur, le maître du réalisme positif aura pourtant, quelques années auparavant, été nommé comme censeur sous le règne d’Alexandre II… Malgré tout, il n’aura de cesse de se raconter lui-même (et son époque), laissant derrière lui de nombreux contes, nouvelles, poésies, traductions et autres analyses sur des écrivains français.
Adoubé par ses confrères Tolstoï et Dostoïevski, le livre met en scène un aristocrate de Saint-Pétersbourg, Ilya Ilitch Oblomov, dont le penchant naturel à la paresse le pousse à l’apathie chronique. Nostalgique d’une enfance heureuse et insouciante, ce propriétaire terrien passe ses journées dans son divan et ses songes… jusqu’à sa rencontre avec la jeune et belle Olga. Son amour naissant saura-t-il vaincre sa force d’inertie ? Mieux : doit-on céder à la suractivité induite par la société ?
Au-delà des réponses apportées, Oblomov est surtout devenu une figure littéraire aussi reprise que le Faust germaniquepe ou le Don Juan italien. Voire même un terme (l’oblomovisme, loin d‘être péjoratif) qui fait état d’une léthargie rêveuse, de l’horreur du travail ou d’une incapacité à prendre le moindre engagement. Et dont l’adaptation belge, en bande dessinée, pourrait être le Gaston Lagaffe d’André Franquin.
De quoi satisfaire sa fonction de mythe : un récit fondateur et illustratif d’une pratique sociale, dont les échos ont encore sens aujourd’hui.