Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Hétérophobie : pour ou/et contre ?

Au gré de l’actualité, de nouvelles expressions surgissent : « fracture sociale », « rupture tranquille »… Autant de concepts issus de publicitaires transformés en conseillers. L’hétérophobie n’échappe pas à cette mode. Seulement, à force de recyclage, nous sommes parvenus - oups - à oublier son véritable sens…

Le mot est lâché. Il fait l’effet d’une véritable bombe et la méconnaissance des terminologies grecques et latines plonge l’assistance dans la confusion. Gloups ! Chacun ravale sa gorgée... Car si le mot sert de joker à toutes les peurs, il est aussi agité comme le drap rouge devant le taureau. Allons, écoutez… L’hétérophobie et ses petits yeux globuleux semblent aussi vouloir nous dire : « je ne suis pas celui que vous croyez ».


Dans son sens le plus connu, le mot hétérophobie exprime la peur des personnes n’étant pas homosexuels. Rien de bien compliqué : de la peur bête et méchante en réaction inverse aux persécutions subies. Certains s’y découvrent des âmes de Che Guevara adolescent vengeant les classes opprimées, tandis que les autres s’en servent pour servir leur cause homophobe. Si cela ne concerne que peu de personnes, le sujet est à l’étude en sociologie et inquiète le pays de l’Oncle Sam. Les américains avaient peur des blacks, ils commencent à douter du cliché gay : tolérant et festif. Oh my god ! Pas nous…

Mais attention, le mot hétérophobie peut être un vrai coup de pied dans les c*******, à l’image de « Ni Putes, Ni Soumises ». Zut, flûte, crotte ! On ne s’attaque pas à des hétéros, mais à une société basée sur le couple. Si je ne veux pas devenir ce que veulent mes parents, ce n’est pas à la société de me dicter des leçons de morale. On remplace alors le « A mort les hétéros ! », par « Vive l’hétorophobie ! » en hurlant sur le mariage, les icônes religieuses ou bien encore la publicité. « Le monde n’a pas été conçu pour nous. Approprions-le nous. » semble dire la rue. Nous ne sommes ni les rebelles communistes de la Guerre Froide , ni le Ku Klux Klan rose, mais les enfants de la Révolution Française , de mai 68 et surtout de l’année 69.

Le plus drôle ? C’est une erreur de language. Hétéro signifie seulement « ce qui est différent » (hétérogène). L’étiquette désigne alors autant Micheline refusant le progrès, Jean-Pierre l’anti-immigrés ou Roger fan du théâtre antique. Bref, on se rend très vite compte qu’il nous faut un rien pour enflammer les extrêmes ou nous donner des airs de jeunesse révolutionnaire. L’impuissante Académie Française doit statuer sur le premier sens de ce mot depuis 2005, histoire de calmer notre testostérone. En attendant, il faudra utiliser l’hétérophobie avec nuance… ou intelligence.

> Persécutions homos

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Tomber dans l’extrême ?

C’est un éternel débat : ne pas hurler sur son stupide voisin pour nous faire accepter, et laisser chacun s’exprimer. Et, décidément, même l’emploi du « communauté gay » est soumit à critique. Laissons ça aux intellos. Car quand on voit les « anti-mondialistes » relifté en « alter-mondialistes », on contaste que le combat des idées est avant tout une guerre des mots.

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LIENS
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