28 Février 2006
Bien que présent depuis l’Antiquité, le terme "homosexualité" a été créé au XIXe siècle dans le cadre du classement psychiatrique des déviations sexuelles. Des pulsions naturelles ancestrales, en passant par les camps de concentration et la revendication de son identité sexuelle, les gays ont vécu une persécution semblable à la croisade menée contre les hérétiques. Aujourd’hui, la publicité joue les opportunistes et s’empare des codes gays, tandis que l’hétérophobie surgit. Et si la vraie victoire était de ne plus en parler ?
Etymologie
Cinaède, bardache, bougre, sodomite, pédéraste, uraniste, lesbienne, enculé, saphiste, tribade, tapette, inverti, antiphysique, pédé, pédale, gay, gouine, goudou, tafiole, brouteuse, … Les relations entre deux personnes du même sexe comportent de nombreux synonymes, dont une majorité sont justement homophobe. Le mot homosexualité a été forgé en 1869 à partir de l’allemand homosexualität. Dans la plupart des cultures, une différenciation est effectuée entre le comportement actif ou passif. Le drapeau arc-en-ciel est le signe de ralliement de la communauté gay, lesbienne et transexuelle.
Les gay-ttos dans l’Histoire
Durant l’Antiquité, beaucoup de sociétés préchrétiennes considéraient les relations homosexuelles comme délictueuses. Dans certaines cités grecques, la pratique s’inscrivait dans le cadre de l’éducation d’adolescents mâles. A Athènes, le partenaire d’âge mûr devait être actif, sinon la relation était considérée comme immorale. En 342, les mariages gays sont interdits et l’Empereur romain Théodose promulgue une loi condamnant au bûcher le 3 août 390. L’avènement de la religion chrétienne fait disparaître par la suite la singularité des cités antiques.
Malgré la tolérance des peuples germaniques, la société chrétienne du Moyen-Age et de l’Ancien Régime puni l’homosexualité de la peine de mort dans la plupart des états européens. Au Vie siècle, la pratique n’apparaît plus comme un crime contre la dignité mais contre l’ordre naturel défini par Dieu, et réprimé par l’Inquisition. En 1260, les lois édictées à Orléans autorisent à ces derniers des tortures en cas en cas de flagrant délit : excision du clitoris chez les femmes, ablation des seins à la 2ème tentative, puis le bûcher ; ablation des testicules pour les hommes, ablation du pénis, et enfin le bûcher la 3ème fois.
Au siècle des Lumières, Montesquieu, Voltaire et Beccaria se sont interrogés sur la sévérité de la peine sans rendre pour autant légitime la pratique, contrairement à Jeremy Bentham. En France, la Constituante ne retient pas le « crime de sodomie » dans le code pénal et représente le premier pays à décriminaliser l’homosexualité. Les lois napoléoniennes ne revenant pas sur le principe, elles influenceront la plupart des législations européennes du XIXème siècle. Si l’Angleterre supprime la peine de mort en 1836, elle prévoit pourtant une sanction de 10 ans de prison en 1861.
L’idéologie national-socialiste a tout d’abord entretenu des relations ambiguës avec l’homosexualité et son culte de la beauté virile. Les SA et Hans Blücher étaient même favorable à cette pratique dans sa conception antique. Néanmoins, la « Nuit des Longs Couteaux » a balayé les sections d’assauts et 1935 a marqué un durcissement de la législation envers les homosexuels. Une mesure qui ne choqua pas au vu de l’attitude de pays voisins. De nombreuses femmes et hommes homosexuels furent déportés en raison de leur identité sexuelle, marqués d’un triangle rose d’une taille supérieure aux autres classifications. Les humiliations et les hostilités se rajoutaient donc aux conditions insoutenables des camps de concentration. Si aucun projet exterminatoire ne semblait être prévu pour cette section, elle subissait des traitements barbares et les orateurs nazis s’exprimaient régulièrement sur la nécessité de leur élimination.
Le nombre total des victimes est difficile à recenser et moins de dix survivants à ce jour ont témoignés. Quelques trop légères commémorations officielles ont depuis eu lieu dont le « Homomonument » à Amsterdam et un projet à Berlin. Le triangle rose est aujourd’hui utilisé comme symbole d’identité pour rappeler ces persécutions. Quant à Staline, il prit des dispositions semblables au régime nazi en 1934, relayé par la suite par le régime franquiste. Mussolini se contenta de revendiquer une prétendue opposition politique pour légitimer son geste la démission des responsables fascistes homosexuels.
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