Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Origine des nouveaux courants musicaux



Cinq multinationales sont responsables de plus de 80% de la production et de la distribution des disques dans le monde. La musique est, certes un artifice industriel, mais s’inscrit également dans une démarche sociologique, philosophique et géographique. Elle peut être un élément structurant de l’individu en lui construisant des valeurs et une attitude au quotidien. Mais qui l'influence ?

Le fond
Les études universitaires sur les styles musicaux débutent seulement en France, alors que nos voisins y travaillent depuis les années 70. Nous avons souvent considéré les cultures émergentes comme un opium du peuple, contrairement aux musiques traditionnelles estampillées populaires. Si le siècle dernier a imposé la culture de masse et la démocratisation des styles, celui qui commence marque un profond changement des supports.

Le contexte économique remet tout d’abord en cause les fondements même de la création. Les zéniths se multiplient aussi vite que l’intermittence se fait malade. La professionnalisation et l’homogénéité des concerts « grand public » provoquent un fossé avec l’amateurisme créatif. On tente de tuer la poule aux œufs d’or en voulant contrôler la culture underground avec des normes paralysant les cafés-concerts ou les free-parties. Même les mutations internes des maisons de disques, coincées entre les fusion-absorptions et la rentabilité, influencent la création et le rapport avec le public.

Les médias ont aussi un rôle important à jouer dans l’émergence musicale. Les fanzines procèdent à un repérage sur le terrain, tentant d’apposer un son contradictoire aux grands médias nationaux qui ont depuis longtemps tissés des liens avec l’industrie du disque.

Le contexte social et géographique est le plus important. Les raisons sont multiples : contestation, opposition, mal-être, récession, démarcation, nihilisme, classe démographique ou simple divertissement. Chaque catégorie puise ses influences dans un contexte qui se veut parfois implicite, favorisant la concentration de mêmes énergies. Les structures ainsi regroupées autour d’un même courant participent à la médiatisation locale du style. Il est donc courant de situer des « berceaux » qui ont donnés naissance à des musiques.

La forme
La forme du support va elle aussi faire évoluer les créations, alors même que le vinyl refait son retour. Récemment le groupe de punk allemand Wizo a commercialisé ses morceaux sur une clé USB de 64 Mo. Des versions inédites destinées à iTunes sont également devenues monnaie courante. Certains artistes underground n’hésitent pas à mettre leurs titres en téléchargement légal ou bien à offrir l’enregistrement de leur concert sur présentation d’une clé USB. Le durée n'est donc plus cloisonnée par le support.

Quant aux récupérations des styles, elles sont souvent le reflet de l’éclectisme des protagonistes. Certains par contre se contentent juste d’y provoquer un sursaut lucratif. L’invention et la démocratisation de nouveaux instruments (en passant par les sons électroniques) pourraient changer la donne en offrant une nouvelle palette d’expérimentations. L’intégration d’instruments traditionnels semble de moins en moins anachronique, sans oublier que le hasard a sa part de responsabilités.

Une dernier théorie, farfelue mais intéressante, prétend que la création d’une nouvelle drogue pourrait donner naissance à un autre courant musical. Par stéréotype, certaines substances illicites sont associées à des catégories de musique. Leur effet peut influencer autant que convenir après coup au rythme. Mais qui devient à ce moment là le créateur ? Le musicien ou sa drogue ?


LIENS
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