Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Bondage : l’amour sur la corde raide

Trois tendances actuelles : devenir fleuriste, le vélo tuning et… le bondage. Bénéficiant de la démocratisation (verbale) du débat « sodomie, mon amie », certains s’imaginent désormais en premiers de cordée. Nœud plat, double, en 8… Une pratique sexuelle sur le fil qui permet à certains de rajouter une corde à leur arc. 
 

Hein ?
Non, le bondage ne s’adresse pas qu’aux têtes de nœuds ! N’allez pas imaginez un complot de Spidermanistes, voulant dominer le monde en transformant chaque victime en paupiette ficelée et figée dans sa gelée… Et bondage ne signifie pas non plus se prendre pour 007. Non, non. Ici, nous parlons de cette pratique érotique basée sur la contrainte. Dire que tout le monde la pratique actuellement est aussi faux. Admettre une récente curiosité collective serait plus exacte. Ou comment dépasser ses attaches sociales. 
Le bondage n’a pas à être assimilé directement au sado-masochisme, car la contrainte n’a - le plus souvent 
qu’un but esthétique et non une domination automatique (même si elle peut être un outil pour l’assouvir). Au Japon, la pratique s’ancre dans une tradition (Shibari : esthétisme orientale / Kinbaku : châtiment) datant tout de même du XVe siècle. Et attention aux préjugés : l’art moderne des jeux de corde n’est pas à apparenter à la torture, mais bien à un jeu de confiance avec son partenaire. So vintage ! 

Pourquoi ?
Nous qui cadenassons en permanence nos corps dans des vêtements pour atténuer ou mettre en valeur nos courbes, voici l'occasion de devenir un objet de contemplation – ou d'en redevenir un – grâce à cette nouvelle mise en valeur de l’anatomie. Comme une version brute à redécouvrir, un territoire avec ses frontières mouvantes. Un cadeau de chair à déballer. Les muscles y sont tendus, saillants. Le corps est immobile, prêt à. Attention, cependant, la pratique n’induit pas obligatoirement un acte sexuel.
Car psychologiquement, l’utilité peut être multiple. Il y a le plaisir de se faire imposer une contrainte physique, voire la transgression naissant de cette situation incongrue. Ensuite, celle de la confiance mutuelle, que ce soit dans la gestion des gênes ou dans la remise des clés de son corps. Avec l’excitation communicative qui va avec. Enfin, celle de la frustration savamment entretenue (elle peut être des deux côtés de la corde). Se sentir désiré-e et entretenir la possibilité de. Repousser sans cesse l’échéance. D’autant que l’origine des stigmates laissés sur la peau, visibles parfois pendant plusieurs heures, n’ont qu’une origine connue de vous seul-e… 

Pour aller plus loin

Il existe le Folsom Street Fair, une grande fête de rue à San Francisco. Chaque année, au mois de septembre, les fétichistes gays de l’uniforme en cuir se réunissent pour des démonstrations publiques. Un film de Daniel Chabannes (1996) relate cet événement. De quoi titiller votre corde sensible ?


Kinky ou Vanilla Sex ?
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