Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Justice : à double vitesse

Bénéficiant d’une surenchère hype disproportionnée, le duo electro parisien a remplacé les Kaiser Chiefs sur Glenmor. Dans la foule, c’est l’hystérie collective, bras en l’air sous la pluie fine et croix fluos dans la main... Mais qu'en pense le pape ?

 
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Certaines mauvaises langues raillaient déjà avant concert le dit Pedro Winter, fondateur d’Ed Bangers Records (SebastiAn, Mr Oizo) et hydre tentaculaire des Daft Punk : « Si le maître de la cool attitude a vraiment une avance sur les autres, pourquoi a-t-il recruté en ses rangs de nouveaux poulains dans la lignée de ses champions ? ». Jalousies envers l’habitué du Paris Paris et du label Kitsuné ? Pas seulement… Si Justice fait déplacer les foules, le groupe est avant tout noyé dans un consensus journaliste général.

Il faut avouer pour leur défense, qu’après tant de préliminaires, la barre était haute. Et rares les couvertures presse, depuis la mort de Lady Di, avaient à ce point fait l’objet d’un mutisme ermite et obscène. L’occasion surtout de relancer le concept de la French Touch et de bégayer au groupe, en guise de syndrome de Tourette quotidien, leurs ressemblances avec les Daft Punk. Gageons qu’à force de répétitions, le groupe s’est, à ce propos, mis d’accord sur une même réponse à donner à chaque interview.

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Pourtant, la comparaison s’arrête là. Si les Daft élabore un show pyrotechnique des plus complets et une ligne directive presque narrative, le duo Justice fait dans le minimalisme : croix flashis distribuées dans la foule, visages dans l’ombre, battant du pied la mesure et enchaînant tristement les séquences. En somme, une ambiance discothèque un peu éloignée de l’esprit d’un festival qui attend une plus grande interaction (humaine ou lumineuse) avec le public.

Qu’importe, après 30 min. d’un style qui leur est propre (orgue, distorsions grasses, rythmes disco-glam), l’énergie est palpable et dopé par le buzz. L’ensemble, d’une cohérence parfaite et favorisé par de jouissifs montées, manque cependant d’éclectisme, permettant au public d’anticiper les variations de tempo. En guise de sommet, le planétaire « We Are Friends » fait l’objet d’une réinterprétation heureuse, donnant au dancefloor des airs de karaoké géant.

Incontestablement prometteurs. Définitivement un brin trop jeunes.


> Daft Punk à Paris Bercy

 
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