Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Spiderman 3 : « Go get them, tiger »

L’expression, traduite en France par « caïd », en dit déjà long sur l’opposition classique entre la traduction française et la version originale. Mais est-ce tout ? Les différences culturelles sont nécessaires pour relativiser nos valeurs, mais apportent un décalage dans la compréhension d’un film : patriotisme, surenchère, religion… Et ce n’est pas tout. Car en France, non, un blockbuster n’est pas automatiquement et logiquement un chef d’œuvre. Ouf.

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Les qualités
Le troisième volet de la trilogie Spiderman est sans doute le meilleur. Le réalisateur Sam Raimi reprend ses droits et, sans bien sûr intégrer la dimension gore propre à sa filmographie, arrive à introduire beaucoup plus d’humour. A travers la caricature romantico-vaniteuse des Français, le caractère lunatique du rédacteur en chef ou les danses endiablées de Peter Parker, les scènes sont dynamisées. Côté cadrage, l’action s’enchaîne pour une fois rapidement, nous épargnant les longs passages romantiques et juvéniles du Spiderman 2. Les mêmes qui avaient provoquées une saturation dans la nouvelle trilogie de Star Wars. Les mouvements brusques de la caméra permettent aussi heureusement de ne pas se focaliser sur les nombreux fonds bleu et images de synthèse. New-York est elle un peu mieux exploitée dans son traitement et dopée par la magnifique partition de Danny Elfman. Enfin, l’apprentissage de la célébrité et de l’humilité par Spiderman est une notion intéressante dans un super héro en devenir.
 
Les défauts
L’astuce scénaristique de confondre plusieurs histoires et méchants apporte une dimension bienvenue, qui aurait d’ailleurs dû apparaître dès les épisodes précédents. Seul hic, et ce certainement en raison des sonorités voisines utilisées par Elfman, la comparaison avec Batman est constante. C’est d’ailleurs du côté de la maturité de ce dernier que l’homme-araignée aurait dû s’inspirer. Si les sanglots du super héro révèlent son côté humain, ils trahissent par la même occasion son statut pubère. Surtout face à des méchants pas si sadiques que l’on veut nous le faire croire. Et même sa mèche stylisée « Tokyo Hôtel » / « Indochine » en dit long sur ses capacités rebelles. La fin nous offre une suite d’inepties adolescentes avec un florilège de dialogues creux et un retournement de situation aussi prévisible que l’aide apportée par Han Solo. Un comble, quand on aperçoit un Spiderman posant devant un drapeau américain (pourtant propre aux Comics) et s’exposant devant une foule en liesse. Un événement que l’on n’avait pas revu depuis Gostbusters... Enfin, la conclusion mélange images de la « piéta » et couplet religieux sur la rédemption et le pardon.

Bref, quand l'extrême attention des Français sur les scénari s'affronte avec l'excédent américain pour les effets spéciaux, cela fait forcément des étincelles et un système de critères différent. Quand on vous disait qu’il y avait un décalage…


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