24 Décembre 2017
Le point commun entre Martin Luther King, Stephen Hawking, Iggy Pop et Rage Against the Machine ? Des boy-scouts en pyjama avec pistolasers... Ringarde, la franchise ? Pas que. Plus qu’un marqueur générationnel, elle apparaît surtout comme le remède nécessaire à l’overdose Star Wars et autres super-héros Marvel.
Avant de cumuler plus de 700 épisodes et d’accueillir des figures hollywoodiennes comme le réalisateur Robert Wise (West Side Story), le monteur Stuart Baird (Superman, Robin des Bois, Casino Royale...) ou le romancier Robert Bloch (Psychose), Star Trek a surtout cumulé les errances artistiques. À commencer par le pilote de la série originale, jugé « irréaliste » par la Paramount. En cause : le commandant en second est une femme (!) et l’extraterrestre aux oreilles pointues est qualifié de « sataniste ». Pour Roddenberry, la solution est claire : « se battre pour garder Spock et épouser l’actrice Majel Barett. Difficile de faire le contraire… » Ironie du sort, Barett deviendra la voix des commandes vocales des différents vaisseaux de Star Trek. Femme-objet, jusqu'au bout, donc.
Quant au fameux Spock, son apparence a fait l’objet de nombreuses hésitations, comme une peau rouge (annulée en raison des postes en noir et blanc qui aurait fait confondre l’acteur avec un noir) ou un tiroir dans le ventre pour ingérer les aliments… La forme oreilles pointues/peau jaunâtre sera finalement retenue.
Même souci avec l’espèce extraterrestre Klingon : comment expliquer que, l’avancée des technologies aidant, le maquillage ne soit pas le même dans les années 60 que dans les années 80 ? Fastoche ! Un épisode explique l’évolution de leur physionomie en raison d’une guerre génétique « suffisamment traumatisante pour n’être jamais évoquée ». C’est d’ailleurs toute la roublardise de la franchise : à multiplier les épisodes, les manques et contradictions sont en permanence comblées par des rustines.
Puis, parfois, c’est l’inverse : ce sont les limites budgétaires qui s’avèrent finalement créatives. La téléportation ? Inventée pour éviter des surcoûts en tournant un atterrissage par épisode ! Téléportation qui ne fonctionne, bien sûr, que sur de petites distances afin de justifier malgré tout la présence de vaisseaux spatiaux... Pas cons, les types.
Côté guests, le name dropping s’adapte logiquement aux différentes époques de tournage, avec son lot de what-the-fuck 80s : le physicien Stephen Hawking, les has-been Whoopi Goldberg, Dwight Schultz (Looping dans L’Agence tous risques) et Scott Bakula (Code Quantum), Iggy Pop, Mick Fleetwood (Fleetwood Mac), Michelle Phlllips (Mamas and the Papas), Tom Morello (Rage Against The Machine), Bryan Singer et même Abdallah II de Jordanie [n’étant pas affilié à la Screen Actors Guild, il dut se contenter d’un rôle muet].
Au moins, eux, auront eu une « carrière ». Ce n’est pas le cas de la plupart des acteurs principaux qui, hormis Patrick Stewart (capitaine Picard ici, Professeur Xavier dans X-Men) se contenteront de rares caméos, de poser dans les magazines masculins (pour la plupart des Star Trek girls) ou d’enchainer les rôles mineurs. Exemple ? William Shatner, l’interprète du capitaine Kirk, recyclé flic bouffi dans la série Hooker avant d’aligner quelques disques et livres pour les factures.
Enfin, citons le créateur Gene Roddenberry, viré une première fois, puis cumulant ensuite les échecs (un film de sexploitation réalisé par Roger Vadim ; 4 autres séries refusées). Le scénariste parviendra malgré tout à faire son retour, grâce à l’aura gagné en conférences universitaires où il diffuse les bobines de bourdes de la série originale… Avant de se faire revirer à nouveau de l’écriture de la 2e série (suggérant que l’équipage soit impliqué dans l’assassinat de John F. Kennedy). Il finira simple consultant des films Star Trek II à V.