30 Septembre 2012
La Bretagne, ça vous gagne ? Faut croire. Car c’est bien le pari de l’animateur-producteur : trouver un second souffle en s’associant aux bombardes du bagad de Carhaix… et faire oublier, au passage, son préfixe « Dj ».
C’est qu’il est chaud comme la Breizh, le Picard ! Et ces dernières années, l’ex-bassiste du groupe Billy Ze Kick et les Gamins en Folie n’a pas démérité son pseudo de quadrupède bariolé détonnant dans la jungle (musicale) : plus de 500 mash-ups (association de deux-trois titres au sein d’un même morceau), des habillages sonores pour la tv, un album de reprises rock-soul, des musiques pour films-documentaires… Assagi, l’animateur radio ? Ce serait se méprendre sur cet indomptable en quête de martingale, même si l’auteur préfère souligner « son refus de la carrière et de la routine ».
Son lien avec la Bretagne ? Une arrivée à Rennes à 20 ans et un départ 8 ans plus tard, après quelques rayures laissées à radio Canal B. Puis vient un concert qui marque les esprits. 16 juillet 2011, 20e édition des Vieilles Charrues, Zebra se produit avec la fanfare locale, ajoutant binious bras, bombardes et percussions à ses remixes, martelant l’hybridation comme éternel thème à son parcours.
« Je cherchais depuis 2-3 ans la formule », raconte-t-il. « La question était de trouver avec qui (et non avec quoi). Finalement, il s’est révélé plus facile de travailler à 18, qu’à 3-4 ! » Provoquer les rencontres, autre leitmotiv de ce breton de cœur qui tient, sans renier son passé de dj, à se faire désormais appeler « Zebra ». Justement, quitte à tout recommencer, pourquoi ne pas reprendre son nom ? « Antoine Minne, ça manque de personnalité… Ok, « Zebra » est déjà est déjà un groupe de hard FM, mais j’ai bon espoir de m’imposer ! » De là à enrôler un bagad ? « Il y avait une vraie cohérence de timbres », répond l’intéressé, se défendant de la moindre tentative de buzz (sic).
Pour accueillir ce projet fou, l’artiste crée son propre label (Zebramix). L’enregistrement ? « 4 jours, 4 packs de bières et une salle des fêtes. » Rien de mieux pour « sonner » authentique, même s’il assure que « l’album est ce qu’il y a de moins intéressant dans l’histoire. Ce n’est qu’un support au live. En espérant davantage tourner à l’étranger que finir dans le bac world… »
Un détail sur lequel s’accorde le chef du bagad, Yann Peron, un précoce de 24 ans qui dirige aussi le célèbre Lann-Bihoué. « Lors de notre premier concert avec Zebra, nous recherchions uniquement à prendre du plaisir, sans réfléchir à la suite. Après coup, on s’est rendu compte que nous pourrions atteindre d’autres scènes… », répond le musicien du Centre-Bretagne. L’expérimentation ? Tout un symbole pour ce bagad civil créé en 1947, le 1er de l’Histoire. Et de rajouter, d’un flegme propre à la région : « Si ça ne marche pas, on se sera au moins bien marrés ! »
Pour Stéphane Montigny, arrangeur des parties cuivres, c’est « l’état d’esprit rude et chaleureux à la fois » des autochtones qui l’a d’abord séduit. Puis, cette volonté de faire « ce que personne n’aurait l’idée ou l’envie », raconte ce tromboniste (ex-Bénabar) qui ne se remet toujours pas de la (très bonne) reprise de Fat Boy Slim « Right Here, Right Now ». Qui mieux également que Bertrand Basset, réalisateur d’un documentaire sur l’aventure, pour résumer : « C’est l’histoire d’un professionnel qui tente de s’imposer comme compositeur. Ce sont aussi des musiciens refusant d’être payé individuellement, témoignant d’un vrai esprit de corps. » L'unité, justement, le prochain défi de Zebra. Car au-delà du concept, l'enjeu est désormais de sonner comme un groupe. Voire une famille recomposée...
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