12 Mai 2012
2012 : et une décade de plus pour le magazine gratuit. L’un des derniers indépendants, ce bimestriel, affichant 100 000 exemplaires à son compteur (répartis entre la France, la Canada, le Luxembourg et la Belgique), n’a en rien perdu de sa vigueur et continue de défricher les musiques actuelles de l’espace francophone.
Mais qu'est-ce que Sur la même Longueur d'Ondes (L.O.) ? La réponse est géovariable, sans cesse en mouvement, preuve que la musique est matériau vivant qui ne cesse de se renouveler. Une revue qui, sans jamais se noyer, n’hésite pas à nager à contre-courant, traitant ainsi en majorité les autoproduit et faisant appel à son propre réseau de diffusion. Et trois composantes essentielles :
UN NOM
Presque un slogan, emprunté à un album de Diane Dufresne daté de 1975. Dufresne ? La chanteuse québécoise, ses costumes excentriques et son goût pour la mise en scène ou la peinture. C’est assez symbolique de l’ambiguïté que voulait entretenir le magazine, lui-même à cheval entre deux continents et avec une volonté pluridisciplinaire. D’un clin d’œil, cette phrase-titre “Sur la même Longueur d’Ondes” est rapidement devenue une envie, la nécessité de drainer une large communauté - “du même avis” - délaissée par les médias traditionnels. Comme une promesse, une réponse francophone à nos cousins du magazine Rolling Stone (dont le titre fut, lui, emprunté à Muddy Waters).
UNE PHILOSOPHIE
Rédaction ? Plutôt un “collectif”. Un rassemblement d’individualités (photographes, journalistes, musiciens, écrivains, plasticiens, animateurs radio…) autour d’un projet commun. Un savant mélange d’expériences et de générations aux goûts très hétéroclites. Assez pour se revendiquer multiculturel et s’éloigner des diktats du journalisme lambda. Et si certains ont déjà pu tâter le caractère entier de certains de ses collaborateurs, n’est-ce pas, là encore, logique ? Ici, les choix ne se justifient pas par le contexte, mais les tripes. Ici résistent quelques passionnés et autres insoumis ! Un Adn plutôt “rock”, finalement. Car Longueur d’Ondes est à l’image du monde qu’il défend : une horde d’enthousiastes, une “famille” d’auteurs qui multiplient les projets internes et externes. C’est au contact des autres que l’on s’enrichit ? Le magazine en est l’illustration.
UNE IDENTITÉ
C’est surtout l’un des derniers magazines indépendants ! Qui subsiste musicalement aujourd’hui pour défendre les petits, les artistes en développement, les oubliés et indépendants ? Un bon tiers du magazine propose à chaque parution des entrevues et des chroniques avec des artistes autoproduits ! Ces trois axes (nom, philosophie, identité) sont les pierres fondatrices de l’édifice. La raison qui anime la rédaction, la motive. Ils expliquent, au fond, l’essentiel : l’économie vacillante autant que les coups de gueules, les coups de cœur et la réelle différence avec la concurrence.
UN MAGAZINE ? Ca fait 30 ans que l’on vous ment... C’est un esprit ! Un savoir-vivre et une façon d’être ! Que vous en partagiez les choix éditoriaux ou non, à travers son indépendance, au fond, c’est aussi la vôtre qui se joue.
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Illustration : Florent Choffel