24 Mai 2014
Le groupe a fait sensation à la dernière Fête de l’Huma (scène Zebrock). Le plus souvent en français dans le texte, le quatuor blues-rock est mené à la laisse par la sulfureuse et charismatique Béatrice. Une ambiguïté mi-sauvage, mi-sensuelle qui sert un propos adoubé par un autre maître félin : Iggy Pop. Rencontre avec la tenancière.
Peut-on considérer Demi-Mondaine comme le symbole d’un hédonisme féministe ?
Belle formule ! Elle pourrait effectivement nous ressembler, mais les mots mettent parfois un peu trop en cage une personnalité plus complexe, moins étiquetable, puisque mouvante et vivante. L’expression est donc un peu forte. Demi-Mondaine est libre et c’est déjà pas mal. Il est plutôt ici question de s’assumer et de s’élever, plutôt qu’appartenir à une cause féministe. Soyons libres au maximum, dans l’identité sexuelle comme dans le choix de sa sexualité. Car, même si le plaisir est primordial chez moi, il n’est pas sans responsabilité.
La musique est-elle un jeu, une contestation, un défouloir, une catharsis ?
C’est une clé. Un moyen gracieux pour emmener le public et mes camarades en voyage. Il s’agit donc bien plus qu’une musique ! Le temps d’un concert, on vogue, on partage une émotion avec ce petit quelque chose de touchant et de beau qui nous rend meilleurs. Cette symbiose au-delà des mots, c’est ce qui précisément nous arrache à notre condition et au quotidien. Plus accessible parfois que d’autres arts, la musique possède cette chance de nous offrir spontanément un sentiment.
Provocante, féline, rock, avec du caractère… Certains synonymes reviennent souvent pour vous décrire. Quels sont les plus justes ?
Déjà : tout n’est pas faux ! Mais, encore une fois, nous évoluons sans cesse. Bientôt, il faudra redéfinir, affiner de nouveau ces adjectifs. Le prétexte parfait pour continuer à nous suivre… Hé hé. Quant à mon « caractère »… Sans blague ? Merde, on ne va quand même pas se laisser emmerder, non ?
Sur quels critères se sont portés les choix de la pochette de l’album ?
J’ai demandé à mon pote GroFab (aka Les Fleurs Du Bagne) de me dessiner un tatouage pour mon bras gauche. Le résultat était absolument sublime, à la fois inspiré et inspirant. Ce n’est pas rien d’enchanter une chanteuse ! Du tatouage donc, à découvrir bientôt sur mon bras, nous avons dérivé jusqu’à la pochette. Comme une déclinaison et ses symboles : la panthère (moi), le corbeau (Sarah, la bassiste), les serpents (cheveux de Zoé, la batteuse, en mode Méduse, la figure mythologique). La photo a, elle, été prise par un autre ami : Patrick Fouque (Paris Match). Nos torses tatoués font partie intégrante de l’imagerie du groupe : de la chair, des peaux, de l’encre… Sensualité et force.
Comment est travaillé le live ?
J’ai parfois l’impression de partir en guerre, quand je monte sur scène… Je cherche la force en moi, me concentre. J’ai besoin de boire de l’alcool aussi, de me mettre en condition. La peur de décevoir ou de mal me faire entendre... Je n’ai pas d’étendard contestataire, bien qu’anarchiste quand même. Nous ne faisons en tout cas pas semblant : sérieux en concert (à la Brel ou Barbara), cons en backstage (avec des reprises de Bourvil ou Coluche, si on m’offre une bière). Il y a surtout, sur scène, la patte d'Edith Fambuena et Edouard Bonnan, notre productrice artistique et l'ingé son de « Aether ». Nous avons également passé des heures avec le coach du Zebrock (Françoise Fognini : du haut vol !). Elle nous a notamment appris à considérer chaque titre comme un film à partager. Les mois de répétitions et de studio, puis la résidence à Canal93 (Bobigny), ont fait le reste…
Quels liens particuliers entretient le groupe avec Paris ?
Nous sommes tous Parisiens de naissance ou de longues dates. Avec un fort attachement, effectivement. J’adore l’histoire du vieux Paris : Belleville, Ménilmontant… Et ce même si – ok, j’avoue – j’ai aujourd’hui quitté la capitale pour vivre à Montreuil.
Qui a couché avec Iggy Pop ?
Ha ha. Tout le groupe ! Enfin, notre guitariste Mystic plusieurs fois (il est un gourmand). Zoé aussi (à peine majeure). Sarah et moi, on buvait des bières à côté…
> Chronique disque « Aether »
(photo : PixByNöt)