22 Septembre 2005
Le documentaire-événement de David LaChapelle traite de la révolution qui s’opère actuellement à Los Angeles : le Krump. Une danse tribale en guise d’alternative aux gangs.
Le Krump est une danse épileptique, désarticulée et chaotique. Elle puise à la fois ses racines dans la culture africaine et dans celle du hip-hop, tant pour le maquillage sur le visage que pour l’enchevêtrement de figures techniques. Ce phénomène constitue un vrai refus de la réalité sanglante des ghettos par une communauté encore meurtrie par l'assassinat de Rodney King en 2002. Rodney était un jeune afro-américain rendu tristement célèbre après un passage à tabac arbitraire exercé par des policiers de Los Angeles. Le chanteur Ben Harper avait médiatisé ce crime avec la chanson " Like a King ».
Le photographe David LaChapelle, remarqué par Andy Warhol, a découvert ce nouveau mode d’expression lorsqu’il tournait le clip « Dirrty » de la chanteuse américaine de R’n’B Christina Aguilera. Avant ce documentaire, le réalisateur s’était déjà attelé au court-métrage " Krumped ». Ces deux films ont été présentés au festival du film indépendant Sundance, créé par Robert Redford. RIZE est dédié à la mémoire de Quinesha « Lil Dimples », une jeune krumper décédée accidentellement dans une fusillade.
La révolte poignante des oppressés
Nombreux sont les films qui traitent les phénomènes de mode de façon superficielle. Dans RIZE, l’objectivité est respectée, alternant les micro-trottoirs caméra à l’épaule et l’esthétisme réussi des tournois (« battle ») où s’affrontent les danseurs. On assiste chronologiquement à la naissance du mouvement avec Tommy le Clown, un éducateur du quartier malfamé de South Central qui anime les anniversaires et fait office de grand frère pour jeunes en difficulté. Mais le film ne se résume heureusement pas à la succession de scènes de danse. Le spectateur est très vite immergé dans la vie intime des protagonistes de ce mode de vie. Avec ses hauts et ses bas.
On comprend alors sans mal comment le Krump transforme les jeunes, permettant à cette danse aux allures agressives de se transformer en défouloir positif. Avec une rage contenue, les corps voltigent et brassent l’air avec une rapidité spectaculaire. D’ailleurs le début du film précise qu’aucune image n’a été accélérée. Ici, pas de triche : les danseurs ne sont que les acteurs de leur vie. Nul besoin d’aimer la danse et le hip-hop, nous voyageons constamment entre l’émotion et l’admiration. Le moment fort du film montre la confrontation entre le mouvement original (clowning) et les nouvelles évolutions (strippin’ et krumping) dans un gigantesque tournoi. A couper le souffle.
Sans cesse, ces jeunes prouvent leur rage de s’en sortir, déjouant tour à tour leur destiné, avec pour moteur l’espoir. Martin Luther King a dit : « J'ai un rêve : le jour où cette nation montera vers le haut » (« I have a dream that one day this nation will RISE up »). C’est chose faite.
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