Cie Les Passagers : un passage à vide bienvenu

Un passager est généralement défini par sa brève durée et l’idée du voyage. Suspendue à un fil, cette compagnie conservera, certes un passage éphémère en position debout, mais certainement pas dans votre esprit. Un véritable périple qui vous transportera dans toutes les dimensions. 

C’est dans un hangar de la SNCF de la Chapelle (Paris) que la compagnie de Philippe Riou s’essaie à de nouveaux champs d’expérimentation depuis 1998. Les 19 membres des Passagers tentent ainsi de réinventer continuellement les espaces de jeu pour donner des vertiges à l’assistance. La troupe multiplie les axes de lectures et nous déroute en utilisant un jeu de scène vertical.

Sans cesse sur la brèche, les Passagers ne vous font pas pour autant perdre le fil, mélangeant l’ancien au contemporain, jouant sur la corde sensible de l’émotion. Vraie fresque humaine qui s’anime par ci delà, les spectateurs ne savent pas où donner de la tête. Pendant que les acteurs jouent, les danseurs et les peintres s’activent. En toile de fond de la pièce, un réel fil d’Ariane : l’histoire de ce clown retrouvant la vue dans un monde aveugle. Le mythe d’Orphée et d’Eurydice vient donner une dimension supplémentaire à l’histoire.

Au fil de la représentation, les couleurs vives et chaudes apparaissent avec fracas ou parcimonie, laissant découvrir une réalité crue et cinglante : la violence contemporaine. Une vision instructive de la société pour ce nouveau-voyant. De ses erreurs, on tombe, on apprend, puis on se relève. Ainsi, conformément à l’adage " heureux les imbéciles ", on assiste à une renaissance et un choix des plus manichéen : savoir et souffrir, ou rester ignorant.

La force des Passagers est de posséder plusieurs cordes à leur arc. Le vide est comblé par un profond métissage des Arts : danse, théâtre, acrobatie, musique, peinture ... C’est un mélange parfait de toutes les disciplines culturelles.

Les corps virevoltent et voltigent avec équilibre au rythme des percussionnistes sur scène. Il s’agit d’une œuvre massive, impressionnante, et peinte avec une réelle poésie. Assurément, les Passagers ne laissent pas un vide dans les souvenirs du public, mais bel et bien une trace indélébile. Plus que des passagers, la troupe est en fait un vrai fil tendu vers l’émotion.

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