16 Juillet 2005
A la manière de Divine Comedy, le 7 ème Masque n'est pas un groupe, mais bel et bien une seule personne. La démarche du personnage nantais est bancale, à l'image d'une musique qu'on ne peut restreindre à un seul registre : l'électro-rock / chanson française.
Tony Dufil, véritable chef d'orchestre, est un enfant du grunge dont la plume a trempé dans le cyanure. Une sincérité qui fait mal et qui touche, faisant cohabiter un enfer et un paradis dont on ne veut jamais plus redescendre. Le nom 7ème Masque provient d'un conte. L'histoire de ce fou réveillé un matin et persuadé qu'on lui a volé ses sept masques. Après avoir subi les brûlures des rayons du soleil sur son visage et hurlé son désespoir, l'aliéné remercia finalement ce prétendu voleur imaginaire. Désormais, il pourra affronter la vie sereinement, sans artifice ni subterfuge derrière lequel il pourrait se cacher…
Cette histoire symbolise le thème général des textes : la catharsis ( Ndla : purgation des peines par la tragédie ), une façon de déclamer ses malheurs et ses peurs pour s'en libérer. Des incantations de la guitare écorchée, en passant par les rythmes désarticulés de la machine, le flot hypnotisant du piano et les projections des photos de Mademoiselle Irène, tout convergeait vers ce nom, selon l'auteur. «Un grand tout, né de petits riens».
La véritable aventure a commencé en 2002 avec un premier album autoproduit qui en dit long sur son contenu : «Une vie peut en cacher une autre». Après quelques dates intéressantes comme la première partie de Dolly ou des représentations au TNT à Nantes, le 7ème Masque est resté sur un constat. Chacun tombe en accord sur la singularité de l'Ovni, mais pour les programmateurs, l'artiste sort des sentiers battus et défrichés. Ni trop rock, ni trop électro, ni trop chanson française, mais tout à la fois.
Théâtralisation de nos refoulements
Mais c'était mal connaître l'animal… Têtu, acharné et boudant les convenances, Tony va malgré tout se fabriquer un place en or parmi le bastion protégé de la scène underground nantaise… Durant ces trois dernières années, il va alterner à la fois des concerts acoustiques et intimistes, jusqu'à l'attaque pure des décibels maltraitant nos oreilles et nos sens.
Sur scène, ce chaman barbu immole les instruments et fait virevolter les âmes au service d'un brûlot d'une rare intensité scénique. On assiste à une théâtralisation de nos refoulements. Tour à tour timides, sensibles et souffrantes, ces hybridations provoquent votre hydrocution, sans jamais s'abaisser à la facilité ou au recyclage. Ondulant entre l'accalmie d'une colère maîtrisée, cette formation balaie d'un geste notre vécu, comme seul un Lynch pouvait le faire.
Petite anecdote, le 7ème Masque a promi en direct sur une radio que lorsqu'il jouerait dans un concert suffisamment conséquent, il raserait son épaisse chevelure frisée sur scène... A quand Bercy ?
Eté 2005, un second album va faire son apparition. Résolument plus rock et plus dansant, mais toujours entaché de cette délivrance qui lui est caractéristique. Une aubaine pour cet artiste rare, orfèvre et émouvant, aux qualités diverses indéniables, voir presque inhumaines...