Rock / Rap : la guerre des ondes ?
Les deux disposent chacun d'une identité forte, d'un public passionné et d'un son métissé. Pourtant, à leur manière, ces courants que tout oppose se font le porte-parole de la jeunesse rebelle. Alors frères ennemis ou pas ? Et quel est le rôle des radios dans tout ça ?
Si certains s’interrogent encore sur une potentielle rivalité entre le rock et le rap, Matthieu Beauval (directeur adjoint du Mouv’) et Laurent Bouneau (directeur de Skyrock) ne se sont jamais posé la question. Pour eux, c’est une évidence : elle n’a jamais existé. Pour Mathieu, « si le marché est segmenté, ce n’est pas le cas des auditeurs. Etre jeune, c’est écouter la musique sans contrainte technique ou de style. » Même discours en face chez Laurent : « C’est vrai qu’il y a de la compétition entre les artistes, mais il faut faire très attention aux clivages. D’autant que c’est l’artiste qui est l’emblème d’une musique, et non l’inverse. » Les deux ponctuent alors en chœur sur les nombreuses brassages réussies des deux styles : Rage Against The Machine, Cypress Hill ou Beasties Boys. Pas de doutes, les interrogés possèdent les mêmes références.
Mais comment ont-ils vu évoluer les publics ? Pour le directeur adjoint du Mouv’, c’est essentiellement générationnel, et non géographique ou social car « les deux mouvements provoquent un questionnement. Il y en a pour tous les goûts donc notre radio essaie de rester sur son segment. En plein air de zapping, il vaut mieux rester pointu plutôt que de s’éparpiller. » Le directeur de Skyrock constate lui une plus large médiatisation du rap dû à « la part grandissante de la culture musulmane, du sampling et au le fait qu’il apparaît désormais comme une musique alternative. »
En conclusion, Matthieu tient à rappeler que « il suffit de fouiller dans les bacs des deux styles pour se rendre compte que la révolte est toujours là. Et vu que la création est de plus en plus accessible, c’est un sentiment qui va s’amplifier. »
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