Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Rock en Seine 2009 : the Prodigy, firestarter

L'électro, une musique sans visage ni âme ? Allez donc dire ça à The Prodigy et son chanteur punkoïd ou son black MC. Car ce soir, les pionniers de la big beat ont retourné le festival avec rage et férocité. Ambiance rave party des warehouses UK.

nullBruyant. Brutal. Extrême. Le recordman de vente de disques de l'Histoire de la dance music a pratiqué la technique de la terre brûlée. Uppercut dans les gencives. Et nous, K.O., dodelinant de manière hébétée. L'énergie est ainsi demeurée intacte, puissante, explosant à chaque coup sourd des basses, telle le gourdin dans le gong des festivaliers.

Rien, ni personne n'a été épargné, des lumières épileptiques jusqu'à la transe inhumaine à laquelle la foule s'est adonnée. Ni même les nuages de terre atterris dans le gosier. Come on, hey ! Car dans les rangs, c'est l'anarchie, la rébellion. Et chaque déserteur s'est retrouvé pieds et poings liés dans une immense et caractéristique machine à laver.

Sur scène, le punk Keith Flint, petit diable malicieux et entortillé, roule des yeux à la Hannibal Lecter. A vous faire pâlir le slip, le doigt sans cesse en l'air. Signe de défi. Car il règne sur le set une certaine animalité. Une redoutable fureur, style combat de coqs et brame de cerfs à se frapper le poitrail, déjà envahi de peintures de guerre.

Le MC black - Maxim Reality - crache son flow comme un forcené et bondit nerveusement à chaque déflagration vocale. Il s'échauffe, s'élance sur le ring comme un boxeur voulant rendre les coups. Et répète autant de "Fuck !" et de "Listen !" qu'un bègue fou atteint du syndrome de la tourette.

"Voodoo People", "Poison", "Breathe", "Smack my bitch up" (assis/debout)... Le beau-frère de Liam Gallagher (belle ironie !) - Liam Howlett - passe le répertoire à la moulinette, hachant menu le hardcore, l'industriel et le breakbeat. Le guitariste, lui, fait sécher sa gratte au ventilo. Tranquille. Larsenant au possible les enceintes de ses riffs gouailleurs.

Puis, ce fut le vide. Le calme après la tempête. Un long râle avant le point de non-retour. Fin du set.

Il y a des silences qui vous habitent une nuit. Il y en a d'autres qui vous traumatisent toute une vie. 


Come back, Prodigy !
 


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