Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Sexy Sushi : a candle in the gouine

Maroquinerie, 7 mai. Challenger au podium du mauvais goût avec Didier Super et MC Circulaire, le duo regressivo-trash a de quoi diviser. Et c’est ce qui en fait justement son charme : un ovni volontairement primaire et irréverencieux de la région nantaise venu taquiner les orphelins de l’ancien Pulp* parisien.



L’attitude

Poils assumés sous les bras, crètes punk dans le public et concours de topless sur scène, les protagonistes sont à l’image de leur immence farce. Une ambiance riot grrrls à souhait, jouant autant les clins d’œil du punk gay que du kitch eighties. Car pour le duo Rebeka Warrior et Mitch Silver - pseudonymes aussi grossiers que leur troisième degré - l’expérience se vit définitivement en live. Pour preuve, les murs de la salle, suintant la sueur et l’hormone, s’en souviennent encore. Hymnes à l’anarchie, coups bas sous la ceinture ou encore exhortations pornographiques… Tout est permis. Mais rien de plus facile, au fond, quand on porte une perruque et des lunettes qui préservent de l’anonymat. Idéal pour entraîner un public dans son irréel délir, sorte de défouloir ou cour de récrée entre sales gosses excommuniés.

Le son
Sexy Sushi fait dans l’animal, le binaire. Tant au niveau des paroles que dans l’enchevrêtement des beats. Comme si le fond - crasseux et vulgaire au possible - devait automatiquement épouser une forme réduite à son élément le plus basique. Le plus minimal, pour ne pas dire simpliste. Car ici, l’électro-clash est passé à la moulinette du synthétiseur Bontempi. La basse est grasse et tambourrine la tempe jusqu’à l’abruptissement. La voix est saturée grâce à un micro qui montre vite ses limites. Quant aux chansons, elles sont tirées au sort au moyen d’une grande roue. Foutage de tronche jusqu’au bout, surtout que le hasard désigne pour la 2ème fois un même titre qu’il faut recommencer puissance 2. Le tout évoque une junk food aussi huileuse qu’honteuse. Vulgaire et facile. Efficace, directe et instinctive.

L’esprit
Pourquoi la formule marche-t-elle ? Tout d’abord, grâce à son audace punk, vent de liberté juvénile et utopie invincible. L’exhibitionnisme y est total et sans aucune limite. Ensuite, le revival régressif eigthies, dont Groland a su parallèlement en tirer un angle prolo, profite à l’aura du groupe. Un seul leitmotiv : la transgression, soit le culte du comportement marginal pour ne pas rentrer dans une norme castratrice, même si cela doit passer par le plus ou moins douteux. A mort le lisse, le propre. Le consensus. Enfin, comment préjuger d’un premier degré au vu des cv des deux protagonistes ? Rebeka Warrior (alias Julia Lanoë) est en réalité la chanteuse du groupe nantais Masnfield TYA, tandis que son comparse Mitch Silver (alias David Grellier) est à la tête du prolifique collectif Valerie. Qui dit mieux ?

Le deuxième album de Sexy Sushi est sorti mi-mai chez le jeune label Scandale Records.



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© Fred Huiban
*Ancienne boîte de nuit du 3ème arrondissement de Paris, connu notamment pour ses rassemblements queercore

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