Libertin : le jardin des délices

Au début du XX^e siècle, on proclamait les trois F : fidélité, fatalité, famille. La sexualité est sale et moralisée. Les années 60 ont imposé les trois L : liberté, libération, libertinage. C’est la recherche d’un plaisir égalitaire. Aujourd’hui sonne le glas des trois C : cul, corps, cash. Ou comment séparer les désirs du relationnel. De régressions érotiques en révolutions sexuelles, les libertins sont pourtant restés fidèles à eux-mêmes. Décryptage.



Définitions
Il existe deux sortes de libertins. Le premier : celui qui remet en cause les dogmes établis. Qui souhaite supprimer toute appartenance. Le deuxième, et le plus répandu, est évidemment celui qui s’adonne aux plaisirs charnels. C’est cet esprit critique, issu de l’enseignement du philosophe grecque Epicure (XVII^e siècle), qui favorise ce dernier cheminement de pensées. Profondément athés, les libertins peuvent - à l'époque - se soustraire à toute morale et vertu religieuse. L’absence de Dieu leur permet ainsi de jouir de leur vie terrestre, sans pour autant sombrer dans le mépris d’autrui et la flagellation (morale). Ces idées se font cependant discrètes après l’emprisonnement, l’exil ou la mise à mort de certains libertins. Exemple : le philosophe Vanini en 1619.
La littérature fera le reste. Dans ce domaine, Crébillon, Sade et Laclos sont les écrivains les plus connus du siècle des Lumières. Ecrivains dont les excès ont malheureusement parfois contribué à discréditer le mouvement. Cette écriture libertine aborde malgré tout la dépravation à travers une liberté de penser et d’agir. Thème favori : l'initiation ou l'art de la séduction. 

La génération « full sexuelle »
Ces dernières décades, de profonds changements sont intervenus dans notre sexualité. Pas tant au niveau des pratiques, non, mais plutôt du côté démocratisation et revendication. On assume davantage son orientation sexuelle et la pratique. Sa seule utilisation à des fins procréateurs est bel est quasi révolue et l'érotisation s'est banalisée. Si la proportion des personnes âgées ayant des relations sexuelles augmentent régulièrement, la précocité est également l’une des raisons de ces changements. Pour preuve, la sexologue Jocelyne Châteauguay confiait que des jeunes entre 9 et 12 ans lui demandent souvent la meilleure façon de faire une fellation. 

Promenons-nous dans les bas
La pratique de l’échangisme et des relations à plusieurs oblige à une certaine marginalité dans une société établie sur la base du couple fidèle. Une pratique dont les raisons sont diverses. Certains pratiquants, par exemple, ont adopté les envies de leur partenaire. D'autres s'en servent comme une quête absolu du plaisir comblé par ce zapping. Et puis, il y a ceux qui souhaitent pimenter leur libido et font la différence entre l’être aimé et celui qui va donner du plaisir. « Normalité » et « anormalité » restent alors des concepts flous dont les limites sont personnelles.
Une récente enquête d’Ipsos démontrait que malgré les nombreuses pratiques et fantasmes des Français, les pratiques libertines, souvent présentées comme « tendance », restent minoritaires. Seuls 3% des Français déclarent en effet s’être déjà rendus dans un club échangiste. Il y a par contre une vraie disparité sur le triolisme : un homme sur 2 rêverait de faire l’amour avec deux femmes simultanément, tandis que seulement 11% des femmes fantasment sur deux hommes à la fois...



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