Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Watcha Clan en interview (1ère partie)

A ne pas confondre avec les parisiens metaleux de Watcha. Avec la sortie de son 5ème disque « Diaspora Hi-Fi », le combo signe ici plus de dix ans d’activisme. Un brassage multi-ethnique en plus d’un métissage ragga, électro et jungle. Rencontre avec Sista Ka, Soupa Ju, Matt et Clem.

Watcha-Clan.jpgLe nouvel album « Diaspora Hi-Fi » est une sorte de caravane méditerranéenne. Une ode à la tolérance et au rapprochement des cultures. L’occasion de concrétiser les résidences effectuées en Algérie ou au Maroc au printemps 2006. L’opportunité également de renouer avec ses racines, à l’image de la chanteuse découvrant Bal El Oued, la ville où a grandit son père, un juif berbère. Enfin, ‘étape marque une plus grande implication de Clem. Le musicien devient ainsi la pièce maîtresse des compositions, donnant plus d’ampleur à ses programmations par l’intermédiaire du laptop, de l’harmonium, de l’accordéon ou encore du mélodica. Ainsi, les sonorités sont chaudes et épicées, jouant le saute-mouton avec les rythmes froids de l’électro. Tout ici n’est question que de « rencontres », de « métissage » et d’ « ouverture » quand se côtoie l’Afrique contemporaine et ancestrale sur fond de détours tziganes ou espagnols. Une alchimie roots qui bat la modernité à son propre jeu, travestissant les chants orientaux ou phrasés ragga à la sauce jungle.

Et des pays, le groupe en a visité au cours de leurs 400 concerts. Réunion, Inde, Cuba, Hongrie, … Rien ne leur échappe. Ce nouvel opus est à cette image : polymorphe, complexe et canalisé. La sensualité vient bousculer les préjugés d’un monde qui n’a pas encore fait la paix avec sa modernité et ses traditions. Seuls, Watcha Clan continue d’avancer en hommes libres et indépendants, loin des sentiers battus. Une quête autant artistique que philosophique vers l’universalité, expliquée par le groupe avec un naturel désarmant : « Nous avons toujours été attirés par l’étranger. La volonté d’associer l’arabe et l’hébreu, de mélanger ce qui n’est pas mélangeable. L’envie de voyager non pas pour apprendre, mais pour échanger dans le cadre de résidences en invitant des musiciens d’horizons différents (hip-hop, arabe, andalou, fusion). En bref, casser les barrières, encore et encore. »

Rien d’étonnant alors, pour le groupe, d’utiliser le terme de Live électro-world sur sa page MySpace: « L’utilisation d’électro-world était beaucoup trop restrictif et évoquait un soundsystem. Nous avons donc rajouté « Live » afin de rappeler que nous jouons des instruments traditionnels. C’est justement ce qu’illustre la diaspora : ne pas être enfermé dans un moule et, grâce à la sauce électro, continuer de faire vivre les traditions. » Même l’utilisation des samples de l’explorateur français Théodore Monod parait alors naturel. L’humaniste aux engagements politiques tranchés (mouvements antinucléaires et antimilitariste, défense des Droits de l’Homme, opposant à l’exploitation des animaux) a longtemps voulu imposer le respect de la vie sous toutes ses formes. Mais ici l’importance est double : « Ces extraits proviennent du documentaire « Désert Rebel ». Les membres de ce collectif sont des amis qui, comme nos deux managers, partagent la même inspiration, la même volonté politique et une autre manière de penser. Le projet est de soutenir un artiste qui échange sa kalachnikov contre une guitare. Cela nous ressemble. »

LIEN
> 2ème partie de l'itw
> Site officiel
> Piranha Music


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