26 Décembre 2005
Mode d’emploi et emploi à la mode
Un sujet revient souvent au cœur des conversations actuelles. Affranchies des rêves d’antan où l’on voulait prendre une année sabbatique ou bien de tout recommencer à zéro dans des contrées lointaines, de nombreuses personnes souhaitent vivre de leurs écrits. Les rapports à l’écriture eux-mêmes ont évolué conjointement à l’avancée des nouvelles technologies. Doit-on s’en réjouir ?
Les petits papiers
Depuis sa naissance en pleine Antiquité, le livre a pris différentes formes avant d’arriver à son format initiale : volumen, papyrus, parchemin, puis le codex au Moyen-Age. Deux types de livres préfigurent actuellement : les ouvrages destinés à la lecture séquentielle et les ouvrages de référence. Dans le monde, un livre est publié toutes les 30 secondes et près de 150 millions d’écrits ont été pour l’instant publiés, soit un million par an. Un chiffre qui connaît une croissance fulgurante dernièrement avec un taux d’augmentation de plus de 5 fois celle de la population. Il faudrait environ 15 ans pour seulement lire les titres et les noms des auteurs, tandis que quelques milliers de personnes vivent du métier de l’écriture.
« Dis … Écris-moi un mouton. »
L’écriture exerce un pouvoir particulier sur le lecteur. C’est une relation intime qui favorise l’entretien de la langue par l’apprentissage de vocabulaire. De plus, l’esprit créatif est sans cesse sollicité pour faire naître des images sur les mots. Chacun peut procéder à sa propre interprétation, ce qui explique la logique et récurante difficulté à adapter certains écrits au cinéma.
Les livres ont longtemps participé à la « mémoire collective ». Les témoignages se faisant rares au fur et à mesure que les époques se succèdent, l’écrit est devenu l’un des seuls moyens de cristalliser un instant et ses ressentis. Les moines se sont d’ailleurs employés pendant de nombreuses années à restaurer, traduire et recopier des ouvrages anciens pour les sauver de l’attaque du temps. On oublie trop souvent que l’impact des livres étant important pour l’éveil de l’homme, il a donné à l’inverse naissance aux autodafés. On brulait les livres pour maintenir une population dans l’ignorance et la servitude.
Nouvelles technologies : le néo-livre ?
Les nouveaux moyens mis à disposition changent imperceptiblement les données et les conséquences, notamment au niveau des multiples traductions qui augmentent considérablement la diffusion d’un livre. Il y a quelques années, les sociétés d’édition s’opposaient fermement à la mise en ligne d’ouvrages sur Internet pour des questions de droits d’auteur. Certains écrivains comme Stephen King se sont même lancés dans l’aventure en mettant en ligne épisodiquement un de leurs romans. Le succès n’a pas été florissant.
Ce qu’on constate, c’est qu’une grande partie de la population effectue des lectures en diagonale quand il s’agit d’une publication sur Internet. Les lecteurs impriment directement les pages et consomment ces photocopies plus tard. Il subsiste encore un rapport affectif avec le support initial et on prend encore plaisir à compiler ses livres dans une étagère pour les exposer à la vue du visiteur. Les transports en commun, dont le métro, ont notamment favorisé l’explosion des formats de poche. Il s’agit de l’un des derniers espaces publiques où l’on se sert du livre comme une arme à la monotonie et l’habitude, alors que les civilisations nippones utilisent le manga.
La société actuelle a également vu apparaître l’apparition de la presse gratuite et la consommation de masse pour certains auteurs. Plusieurs ouvrages ont considérablement relancé l’intérêt pour le livre ces dernières années. Un formidable bouche-à-oreille s’est effectué autour de « Harry Potter », « Et si c’était vrai ? » et « Da Vinci Code ». Les récentes adaptations et récupérations au cinéma en témoignent.
Wikipedia : un livre collectif ?
Il s’agit d’une encyclopédie libre et gratuite créée en 2001. Elle fonctionne sur un système participatif qui permet à chacun d’améliorer ou de créer une définition. Une sorte de « Linux » de l’encyclopédie. Larry Sanger, un des fondateurs de l’encyclopédie, semble vouloir créer un concurrent en 2006 du nom de « Digital Universe » avec l’aide d’experts spécialisés pour les corrections. L’actuel dirigeant Jimmy Wales va sortir une version stable et corrigée de Wikipedia.
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