Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Lofofora en concert à la Boule Noire (Paris)

Groupe de référence de la scène fusion-hardcore française, le quatuor parisien, dont le nom scientifique est issu d’un cactus hallucinogène (Peyotl), nous revient en grande forme. Incontestablement, les vétérans du métal hexagonal underground ont encore des choses à nous apprendre. Et c’est tant mieux.

lofofora.jpgLa promiscuité de la salle, le charisme du chanteur (Reuno Wangermez) et les grèves de la Ratp ont su recréer le climat d’urgence des 90’s. Taper vite et fort quand il faut. Consommer et se consumer sans regret. Un retour aux sources donc, et une madeleine de Proust vers l’adolescence où pogos et slams cohabitaient avec essences viriles et refrains-slogans. Un concert dans le 18ème arrondissement ? Quoi de plus symbolique pour un groupe qui répétait il y a 15 ans dans un squat du quartier. C’était bien avant les départs qui secouèrent le line-up du groupe, l’étroite collaboration avec Sriracha Records et la réputation du combo forgée aux côtés des Mass Hysteria, No One is Innocent ou encore des Silmarils.

Sur la scène étriquée de la Boule Noire, Reuno scande ses sermons libérateurs et apostrophe la foule entre deux missives. Loin de la vague néo-métal, ses yeux perçants appuient ses discours politisés avec une sincérité communicative. Le set est passé à la moulinette, rugit directement du fin fond de la gorge, pour offrir en pâture des versions plus rudes et corrosives de classiques comme « Le Fond et la Forme », « L'Oeuf » ou « Les Choses qui nous Dérangent ». Les attaques sont ici incisives et font preuve d’un cynisme caractéristique. Quant au son, certainement sous l’influence de leur nouveau producteur Laurentx Etxemendi (Gojira), il est tranchant et hargneux.

Dans le lot, aucun refrain du nouvel album « Mémoire de Singes » (le 6ème du groupe) ne parait accrocheur ou mélodique. Mais tous sont lourds de sens, bruts et d’une très grande cohérence. Un pavé de plus dans leur discographie. Les thèmes habituels sont parcourus de façons intelligibles : extrémisme, immigration, anarchie, libéralisme ou religion. La rythmique est dynamique et compacte, donnant une leçon à la scène émergente. Et signe que le groupe parisien est toujours d’attaque, la reprise en chœur par le public de « Buvez du cul » en fin de concert a de quoi faire taire tous les derniers sceptiques.

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> Site officiel


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