Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Jeff Caly - Reshape Music : « Choisir ses prescripteurs »

Carte d’identité : label éthique communautaire créé en 2005

Reshape-music.jpgQuelle est votre spécificité ?

Nous avons lancé l'idée d'une filière raisonnée dans l'industrie de la musique : la musique équitable. Elle s'inspire entièrement du commerce du même nom avec l'ambition folle que cet écosystème transforme un jour l'industrie de la musique. Trois dimensions sont donc à noter. Tout d'abord
« économique » avec des échanges commerciaux repensés entre les artistes, les internautes et les professionnels de la musique. Ensuite « éducative » et « sociale » pour faire naître des partenariats transparents avec les artistes. Enfin « politique » pour sensibiliser le public aux évolutions des pratiques de l'industrie musicale.

Notre label réalise donc le développement des artistes grâce aux internautes. Ils peuvent écouter librement les musiques en intégralité et choisissent ensuite le prix d'achat de la musique (cd&mp3). Reshape-music reverse 50% du prix de vente directement aux artistes. Et les artistes sont libres de cesser la collaboration à tout moment et restent entièrement propriétaires de leurs droits (nom, marque, photos, vidéos, musique).

L
'industrie du disque est-elle vraiment en crise ?

Nous sommes entrés dans l'ère d'un marché de la musique fragmentée où une multitude de possibilités vont cohabiter. Il y aura des « écosystèmes » plus ou moins importants, plus ou moins spécialisés, plus ou moins underground, plus ou moins légaux, plus ou moins techno… Chaque personne va pouvoir choisir ses prescripteurs, son mode ou son lieu de diffusion. C’est le paroxysme de la création de son propre univers musical. Pour un artiste, il n'y a donc plus de schéma classique (producteur, label, distributeur). L'important pour lui et son équipe (label ou non) c'est de décider de ce qui leur correspond en termes d’ambitions, de potentiel et de valeurs.

Il faudra faire des partenariats intelligents avec des acteurs qui ne seront plus forcément du métier : une marque, un réalisateur, un lessivier, une distribution web ou en exclu autour d'un concept, d'un festival, d'un magazine… On ira souvent au plus offrant et fondamentalement on se demandera ce que l'on est capable d'accepter en terme de valeurs. C'est intéressant de se dire que les valeurs vont prendre une part importante du métier… et c'est plutôt nouveau.

Finalement on en revient au métier qui existait dans les années 60, mais dans l’ère post-industrielle. Un métier d'artisan avec des moyens de diffusion sans frontières et surtout non contrôlables… Le verrouillage par les industriels est plus difficile et les DRM sont caducs. Le rôle des labels de demain sera donc de maîtriser et d’inventer régulièrement des techniques de diffusion pour les artistes en fonction de leur identité. Il y a par exemple le buzz, mais bien d’autres sont encore à mettre en œuvre…

LIEN
> Site officiel

CRISE INDUSTRIE DU DISQUE
> Sophie Samara - Deezer
> Christian Ward - Last.fm
> Borey Sok - Musique 2.0


 
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