27 Novembre 2005
Soyez militants. Soyez fashion. Portez nos vêtements.
Autrefois, on portait des vêtements pour éviter d’être nu et ainsi se protéger du froid et du regard des autres. D’autres se sont au contraire dévêtus pour lutter contre la fourrure ou contre les clichés sociaux. Les vêtements peuvent donc constituer une véritable carte d’identité pour ceux qui ne prendront pas la peine de provoquer un échange avec vous. Le KIP propose de faire une bonne action envers les Dalits et d’affirmer votre militantisme. Sartre disait que les hommes se mesuraient par leurs actes. Alors ?
Être acteur de sa vie
Le KIP est un jeune groupe d’activistes qui signifie " Knowledge is power " (la connaissance est le pouvoir). Depuis un an, ce collectif se bat contre les violences que subissent les Dalits. C’est à travers une ligne de vêtements que l’association veut faire diffuser son message et médiatiser la condition des Dalits. Les visuels sont ainsi explicites et sont fabriqués par les Dalits eux-mêmes, suivant le principe du commerce équitable. La marque Misericordia avait lancé le mouvement au début des années 2000 en créant une marque éthique et solidaire. Le " Knowledge is Power " a intégré une partie militante à l’initiative. Le but n’est pas de remettre en cause l’organisation millénaire indienne, mais de lutter contre les violences.
Le Père Antony Raj a initié le mouvement en créant un centre éducatif et culturel réservé aux Dalits, le DACA (Doctor Ambedkar Cultural Academy) d’où le nom du collectif. Le Docteur Ambedkar a été le premier Dalit a avoir été reconnu. Après un voyage en Inde, Bhimrao, l’actuel dirigeant du KIP, a décidé de s’associer à deux couturières dalits pour créer des vêtements en guise de support d’informations. Le slogan est fort : " Abolish your slavery yourselves. " Ces couturières travaillent désormais avec des designers français pour mettre au point de nouvelles coupes. Pour l’instant, seuls des tee-shirts et des sweats sont fabriqués pour les hommes.
Porter un vêtement de la marque KIP est donc un acte politique. On devient ainsi l’un des porte-paroles de la cause dalits. Les visuels sont violents et provocateurs comme par exemple un tigre éventrant une vache et les couleurs sont simples, mais chargées d’émotions : rouge pour la colère, noir pour la mort, vert pour le militaire. Actuellement, une dizaine de personnes travaillent pour le collectif. L’atelier en Inde est autogéré et leur permet de bonnes conditions de travail et de créer un appart économique parallèle. Le salaire que reçoivent les couturières est 6 fois plus important que la moyenne nationale.
L’information est également médiatisée à travers des conférences dans les universités et sur Internet. Lors des salons de couture, le collectif se cagoule le visage pour servir au mieux leur cause. Ce n’est pas un acte gratuit, le KIP est là pour aidé les Dalits, non pour servir ses ambitions personnelles. Un blog sera prochainement en ligne. Pour l’instant, la marque est vendue (paradoxalement) chez Colette, Lost and Found, Nanasté ou encore Shoes Gallery. Une formation est donnée aux vendeurs pour expliquer la symbolique de cet achat.
Seule évolution, la caste supérieure des Brâhmanes (prêtres, enseignants et hommes de loi) commencent à proposer leur aide dans les grandes villes. Reste à s’attaquer aux campagnes, les ¾ du territoire…
LIENS
> Site officiel
> Les conditions inhumaines des Dalits
> Dossier T-shirts : l'étoffe des héros ?