2 Octobre 2021
MaMA festival & convention 2022
Annulé l’année dernière, le rendez-vous annuel des professionnels de la musique revient du 13 au 15 octobre avec plus de 450 intervenants et une centaine d’artistes en développement, répartis dans 9 salles du quartier de Pigalle. L’occasion de dresser un bilan des conséquences de la pandémie et entrevoir quelques perspectives... Rencontre avec son directeur, Fernando Ladeiro-Marquès.
Pourquoi est-il nécessaire en cette période de réunir la filière musicale ?
Si les perspectives semblent s’éclaircir, nous ne connaissons pas encore l’entendue des conséquences de l’arrêt de la musique vivante… Après deux ans d’absence de réel rendez-vous professionnel, il est donc urgent de dresser un bilan, ensemble, secteur par secteur. Tout d’abord, parce qu’il y a eu d’incroyables initiatives dont nous pouvons conserver post-crise le principe... Ensuite, parce que grâce à l’Europe, nous avons été maintenus sous respirateur artificiel. Il faut donc nous préparer à la suppression de certaines aides en imaginant quelles solutions alternatives s’offrent à chacun... Je reste malgré tout positif : si sur le plan économique je crains que les implications s’échelonnent sur plusieurs années, l’avenir ne semble pas aussi noir que l’on nous le promettait.
Quelles thématiques sont les plus prégnantes ?
La musique étant le reflet de la société, et ce même si la pandémie reste le fil rouge de cette édition, de nombreux sujets d’actualité ont refait surface... Ces craintes et questionnements existaient déjà pré-crise, mais la situation a rendu leur débat et résolution plus urgents. Et pour cause : l’arrêt de service ne pouvait plus cacher certaines réalités comme la santé mentale préoccupante de la filière ; le manque de parité évident au sein des professionnels ; la nécessité d’inclure des comportements plus en phase avec le développement durable ; la place que doive occuper les structures indépendantes (voire la concentration des activités) ; les faibles revenus liés au streaming ; ou comment – dans un contexte d’accélération/surconsommation – les artistes peuvent continuer à créer de la fidélisation… C’est pour cette raison qu’en marge de nos concerts-découvertes, nous organisons des rencontres autour de ces thématiques. La réflexion collective est aussi importante que la pédagogie.
Est-ce aussi pour adopter un discours commun auprès du public ?
Pas seulement, mais il est vrai que la filière musicale française – qui n’a jamais été homogène (et c’est ce qui en fait aussi la force !) – a toujours eu du mal à parler d’une même voix. Or aujourd’hui, si une majorité des groupes ont profité de cette pause forcée pour se consacrer à la musique enregistrée, il y a un véritable embouteillage à prévoir... Il y a tout de même actuellement 75 000 nouveaux titres par jour sur les plateformes ! Sans compter les nombreux reports d’événements… pour un même public dont le budget loisirs n’a pas évolué (voire même parfois diminué !) Échanger peut donc permettre de mieux nous organiser pour limiter une cannibalisation dont personne – même les plus gros (qui se retrouveraient à terme sans vivier dans lequel piocher) – n’en sortirait gagnant. Et les chiffres estivaux montrent qu’il est urgent de rassurer le public, dont la volonté de participer n’est pas toujours suivie d’actions. Mais on observe un public de plus en plus friand d’innovations et de découvertes, attaché à une expérience immersive, voire aux valeurs portées et soin accordé aux détails par les événements. C’est une mutation qui peut s’avérer vertueuse.
Vous-mêmes devez organiser un événement dans un contexte encore contraint…
Après beaucoup de travail et de réflexion en amont, nous sommes malgré tout parvenus à donner à cette édition une forme qui s’approche de celle proposée en 2019. Les normes s’assouplissant, nous avons ainsi réussi à maintenir des jauges à 75% de leur capacité, accessible sans masque et debout. Même avec des capacités de transports limitées, nous accueillerons également de nombreux intervenants étrangers (dont certains via écrans interposés), pour ne pas nous priver de regards extérieurs et réflexions provenant d’autres modèles. Et tout de même, n’oublions pas : une centaine de projets musicaux sur 140 autrefois, certes à 75% Français (toujours en raison des freins liés aux déplacements), mais répartie dans 9 salles au lieu de 12 – parce que tous n’ont pas encore réouverts.
Mais voyez comment les concerts en streaming pendant le confinement ont d’abord suscité la curiosité, avant de provoquer la saturation... C’est pour ça d’ailleurs que les concerts filmés ne sont diffusés que tard en soirée : rien ne remplace encore la rencontre physique. Et c’est pour moi tout à fait symbolique de notre situation et le premier enseignement post-crise : l’industrie musicale a testé les limites de certains exercices théoriques… mais aussi prouver une incroyable capacité de rebond et adaptation. Continuons !
13-15 octobre
Festival & convention
450 intervenants / 100 artistes / 9 salles
Quartier Pigalle (Paris 9e)
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