11 Décembre 2021
Songs/Revolving (fév. 2022)
Six vingtenaires de Tours – dont 3 guitaristes ! – qui bercent dans le psyché/shoegaze et les attaques noisy étirées jusqu’à l’abandon. Abandon des postures et conventions. Abandon du corps quand l’émotion ne sait plus donner de la tête et que le pied quitte le fil de ces rythmes cabossés.
Six amis d’enfance surtout, inspirés des aînés Pneu, autre champion rock de l’étape, et un nom de code (“renards empaillés“) qui fleure le trip sous acid… De quoi expliquer sous-couches et multiples portes d’entrées. Les mélodies, aussi, qui se perdent dans les échos et renvoient dans les cordes (électrifiées).
1er EP Float In The Moosick Club en 2018... Un 2e, No Vacancy, l’année suivante avec sa version vinyle. Et déjà une évidence : celle de la fulgurance, des trompe-l’œil et l’absence de peur face à l’instrumental. Il faut avouer que si les paroles (anglophones) se font rares, c’est pour mieux mettre en valeur la musicalité, confirmée avec leur 1er LP Songs/Revolving.
Un album écrit en 2020, produit, enregistré et mixé en 2021 à l’Impersonal Freedom studio de Rennes par Thomas Poli (Dominique A, Laetitia Shériff, Montgomery…) ; masterisé au Black Box studio d’Angers par Peter Deimel (Sloy, Portobello Bones, The Wedding Present…) ; puis sortant conjointement chez Yotanka (Puts Marie, BRNS, Ropoporose…) et Reverse Tapes (Mystère, T.F.T., Opac…). Il y a pire name droppping.
Qu’y trouver ? Une batterie inspirée, jouant les faux-départs avant d’exploser dans l’introductif “Sabotage“ (et une voix – comble de l’audace – n’intervenant qu’en milieu de morceau). Tout l’inverse de “Luke Glanton“ et ses chœurs fantomatiques, à l’image du personnage de Ryan Gosling dans le film The Place Beyond The Pines qui en inspira le nom…
Et partout des détails : les guitares qui singent les breaks de batterie sur “No SoundDrive“ et son final tout en tomes ; les variations cyclothymiques de tempos sur “Oh Lord, It Came To Me“ ; les pas-chassés du violoncelle en arrière-plan de “Track 6“ ; cette virée nocturne 80s avec “First Affront“ ; ou encore ce final “Extended“ dépassant… les 10 min. ?!
À défaut de “renards“, il y a nécessairement un loup... A-t-on vérifié leur datation au carbone 14… ? Qu’il ne s’agit – vraiment – que d’un premier essai ? Tout semble trop beau, trop intelligent et travaillé pour être vrai. Pour être autant “déjà prêt“… Pas étonnant que ce club des 6 soit passé par les Bars en Trans en 2019, puis le festival GéNéRiQ avant d’être nommés Inouïs du Printemps de Bourges en 2020.
« Chansons écrites pour être jouées fortes » indique le dos de la pochette ? Plus qu’un retour à l’instinctif, la musique des Stuffed Foxes – dense, nervée et qui sait ménager ses effets – n’incite qu’à l’intensité… Celle de l’instant qui prend tout son sens sur scène. Et qui, au sein du pré carré de la relève rock française (Last Train, Lisystrata, SLIFT et The Psychotics Monks), a trouvé de quoi agrandir le cercle. Sans tricher.
> Site web