7 Mars 2020
5 MARS (Élysée Montmartre). Avouons-le : après presque 30 ans de carrière, on avait presque oublié à quel point le groupe nantais était de ce niveau, tant leur longévité avait parfois banalisé un geste… pourtant essentiel.
Rappelons qu’à leur naissance, au début des années 90, l’époque était à la fusion des genres et des nationalités. Un geste politique, mettant fin aux chapelles de la décennie précédente, autant qu’une invitation à créer une nouvelle grammaire, si possible apatride... Une époque où l’étiquetage “world“ avait encore cours et dans laquelle les Massive Attack, Asian Dub Fondation ou encore Rachid Taha puisèrent, donnant a posteriori raison aux premiers défrichages d’une Brigitte Fontaine et Areski Belkacem.
Puis, parce que le genre mérite une ouverture constante (et donc un effort soutenu) ; parce que les médias ont besoin (croient-ils) de segmenter la musique pour mieux la défendre ; parce que l’on crut cristalliser ces échanges à une époque ; parce que, surtout, de nouveaux pratiquants imposèrent un eugénisme aux styles [un comble, alors que nous n’avons jamais eu autant accès à la bibliothèque musicale mondiale], on oublia... Comme ça. Avant de mesurer, ce soir, la nécessité de continuer à faire dialoguer les cultures.
On connaissait déjà ce ping-pong entre l’occident (guitare, violons, batterie…) et l’orient (chanteuse égyptienne, percussions guinéennes…). L’occasion d’affirmer une modernité via la tradition et inversement. Mais en s’associant avec leur compatriote et scénographe François Delarozière (compagnie Les Machines ; et ex-Royal de Luxe), ce métissage a gagné une nouvelle dimension… Un niveau supérieur dans sa narration. Via les programmations électroniques déjà existantes, ses bras lumineux et articulés mettent ainsi en scène la lutte de l’organique contre le synthétique, dans un élan anti-dystopique.
De quoi offrir non plus seulement une mécanique à écouter, mais aussi de la matière à penser.
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