15 Février 2020
2017, à l’échelle musicale ? Une éternité pour les uns ! Une fulgurance pour les autres... Surtout quand, à peine son 1er album édité, l’on enchaîne Trans Musicales, Francofolies ou encore les Vieilles Charrues… Or, de cet instantané, l’heure de la suite a enfin tonné.
« Tout s’est passé vite... Très vite. » Trop ? « Sans doute... » Quand l’artiste résume ses dernières années, on ne sait plus s’il parle de lui (une enfance en Côte d’Ivoire, un cursus en musicologie à La Sorbonne, des voyages…) ou simplement des retombées de sa musique... Les deux conviennent à l’adjectif. D’autant qu’à ces soudains accélérateurs de vie, Octave Noire a toujours répondu un flegme doux et imperturbable… À l’image de ses boucles synthétiques.
Alors, bien sûr, il y a eu les recherches et les tâtonnements… Les participations aux groupes Aliplays (electronica dub) ou Bazanaüm (chanson réaliste), les musiques réalisées pour des spots TV (Clarins, Hewlett-Packard, Lego, Chanel…) et un fantasme inavoué de chanteur pour ce mercenaire de l’ombre – d’où son portrait sur les pochettes (et un soleil omniprésent sur son 2e album ?). Mais encore fallait-il trouver l’axe, la bonne vibration… L’écho n’en fut ensuite que plus amplifié.
Une reconnaissance espérée et bienvenue, mais dont le sprint final annihila toute prise de recul : « Nous avons dû monter rapidement une équipe pour la scène, en ayant recours à pas mal de bandes sur nos premiers concerts... » De quoi, plutôt qu’un amertume, laisser un goût de reviens-y : « C’est à la fin de la tournée, que j’ai commencé à prendre du plaisir. Que l’instinct a enfin repris le dessus... » La nouvelle page blanche annonçait déjà la promesse dès son entête : ne pas reproduire le 1er album. « Il s’adressait davantage à la tête. Or, malgré l’obtention du prix Charles Cros en 2017 et ce duo avec Dominique A sur le nouveau, je voulais sortir du répertoire chanson... Mon influence reste les musiques électroniques ! », résume Octave Noire (de son vrai nom Patrick Moriceau).
Mais le cahier des charges ne s’est pas arrêté là : « J’ai monté tous les tempo de 10 et me suis imposé des contraintes pour m’astreindre à l’efficace… Bien sûr, j’ai conservé quelques touches d’orchestral, mais j’avais envie d’uptempo, tout en gardant le Roland TR-808 branché. » Le nom de cette boîte à rythme n’est pas fortuit, l’ensemble de ce nouvel album ayant été enregistré en analogique avec des instruments des 80s… Des synthétiseurs qu’il sera d’ailleurs désormais possible de voir en concert. Le tout, à la lueur d’un soleil (référence au nom de l’album : Monolithe) en fond de scène… « Je voulais des aplats de lumière agressifs… Quelque chose de très franc… » Ce langage du corps, toujours.
Un soleil idéal, fantasme autant qu’allégorie, qui après son tube “Nouveau Monde“, joue les reflets avec l’entêtant single “Los Angeles“ : « J’aime cette ville nonchalante qui n’oublie pas de briller. Cet espoir d’un monde meilleur... C’est au fond, aussi, la vie des musiciens américains que j’y raconte. Ces one-self men sans intermittence à qui le pire et le meilleur sont accessibles. » La chanson-totem fut d’ailleurs le dernier titre composé pour le disque. Un résumé fugace plus qu’une réelle épitaphe.
Sur scène, le morceau sera accompagné malicieusement de l’enregistrement d’une hôtesse de l’air, capté lors d’un atterrissage et annonçant à l’équipage : « Bienvenue à Los Angeles, la ville où les rêves peuvent devenir réalité. » Puisse-t-elle, pour l’album, être aussi prophétique…
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