Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

L'OLYMPIA, 19 oct. : Pixies gone to heaven

L'OLYMPIA, 19 oct. : Pixies gone to heaven

L’interaction ? On repassera... Pas le genre, allons ! Mais pour le reste, il aura donc fallu le départ de leur bassiste Kim Deal – dont on mesure à rebours l’ironie du nom – pour que le groupe retrouve enfin l’intensité de ses débuts.


« Je reformerai les Pixies le jour où j’aurai besoin d’une greffe de testicules » avait balancé son autocratique leader, à la fin des 90s. Le groupe de Boston, alors dissous, jouissait surtout d’un statut culte depuis que Kurt Cobain avait assumé avoir puisé dans leur formule “couplets calmes/refrains énervés“… Puis, la présence de leur titre “Where Is My Mind ?“ (qui n’a jamais été un single) dans le film Fight Club fut le véritable pré-bug de l’an 2000. Le dictateur avait vu juste : à défaut d’une greffe, des couilles en or étaient possibles... Restait à bouler l’ennemie : la bassiste du groupe (et chanteuse de The Breeders). Après un maintien artificiel, Kim claqua donc la porte en 2013, donnant – à défaut d’inspiration – un nouvel élan au retour.

Car les Pixies n’ont jamais été bons sur scène, sorte de mormons dépressifs atteints de paralysie faciale... Le service a toujours misé sur les ingrédients plutôt que la présentation des plats. Et d’emblée, les premières notes de “Cactus“ (dont Bowie fera une reprise) donne raison à cette constante : le groupe est physiquement… invisible. Idem sur “Break My Body“. Parmi les retardataires, on note surtout l’absence d’un « bonsoir » (qui ne viendra jamais). 3e et dernière chanson autorisée pour les photographes : “Brick Is Red“… Le fuck se poursuit.
Il faudra attendre “Nimrod’s son“ pour enfin apercevoir la tignasse du groupe. Car, le Franky a de nouveau… une corolle de cheveux. OUI. Et sa veste engoncée des dernières années a été tronquée contre son ancien polo noir. Revival ! La troupe se permet même de faire durer le plaisir (du jamais-vu) via un break complice – qualificatif peu utilisé dans leur cas… Quelle mouche les pique ? Les variations sont à la marge, mais depuis sa reprise en 2004, le groupe avait jusque-là tenu obstinément à reproduire à l’identique ses morceaux.

Pendant 2h, 40 chansons sont ainsi jetées en pâture à la fascination nostalgique. Si les deux derniers albums en constituent le ventre mou, l’importance donnée à la nouvelle bassiste est le bienvenu, entre deux déhanchements du batteur. La preuve sur “Motorway To Roswell“, où les chœurs se fracassent sur des cimes insondées jusque-là. “Gouge Away“ rappelle – malgré l’essai de Popa Chubby – que personne ne gueule comme le taulier. Le guitariste y fait d’ailleurs une intro tout en spiral, dont l’épicentre se déplace en bourrasque. “Caribou“ joue les cavaliers sans tête, avec une voix indomptée mordant sur la gratte. “I’ve Been Tired“ surprend par l’intensité de son blast. Le 1er étage sur lève unanimement sur “Wave Of Mutilation“ (qui l’eut cru ?). Le chanteur en profite pour ralentir le tempo avant de retomber sur ses pieds. On croirait même qu’il prend plaisir à jouer “Where Is My Mind ?“ (un comble), dont la fin a elle-aussi droit à son rab. C’est cadeau ! A défaut de chaleur, les Pixies sont redevenus expéditifs et impérieux. Brutaux.
Quand, folie à la fin du set : le chanteur se touche le poitrail pour signifier un « Merci »… Un rappel ? Faut pas déconner non plus : la cordialité a ses limites.


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