Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

Longueur d'Ondes #90 - automne 2019

Longueur d'Ondes #90 - automne 2019

Bon anniversaire, le .mp3 ?


C’était il y a 20 ans déjà. Nous ne le savions pas encore, mais la création d’un format informatique allait définitivement bouleverser nos pratiques et – par extension – l’industrie musicale... Depuis, le MPeg-1/2 Audio Layer III (son vrai nom) est devenu roi sur nos ordinateurs, smartphones et autres appareils numériques. Avant d’avoir été intimement lié au téléchargement légal.


Pourtant, dès 95, l’un de ses inventeurs (Karlheinz Brandenburg) avait démarché les géants du disque… sans succès. Lui, rêvait pourtant d’un support supplémentaire de distribution, sans l’imaginer cannibale. L’industrie a raison de s’en mordre aujourd’hui les doigts : l’avènement de l’informatique grand public a mis fin aux acquis des majors, au fil narratif d’un disque (inutile, désormais, de l’avoir en entier) et à la nécessité de se déplacement dans un point de vente.

Liberté pour les uns, crise pour les autres ? Avec l’invention de systèmes de partage de ces fichiers (le peer-to-peer), la culture mondiale fut accessible au bout du clic, autant que dans sa chute, l’industrie paya son arrogance… (avoir converti les vinyles en CD et ne pas avoir cru à la dématérialisation) L’ironie, c’est que le MP3 fut aussi un retour en arrière : d’un côté, un son avec moins de relief ; de l’autre, des acteurs baissant la qualité de leur production (si c’est pour finir sur un smartphone, à quoi bon ?).

Fin de la partie ? Non. Car si peu de plateformes utilisent désormais du MP3, le principe a malgré tout poussé l’arrivée du streaming. En 2018, les supports numériques ont même généré pour la première fois un chiffre d’affaire supérieur à celui des supports physiques (même Jean-Jacques Goldman s’y est converti, fin août !). L’ère du physique et du piratage n’ont certes pas disparu mais, avec notamment l’explosion du vinyle (X5 en 5 ans), les marchés comment enfin à s’équilibrer…

Reste à régler le cas YouTube – plus forte appétence des consommateurs (dont un tiers l’utilisent comme une radio). La plateforme relance en effet les possibilités de piratage (nombreux sont les convertisseurs vidéos > .mp3) et ne rétribue pas encore assez les ayants-droits... On en reparle dans 20 ans ?

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