9 Novembre 2019
Matmatah, Stuck In The Sound, Thomas Howard Memorial, Volin, Grand Palladium, TH/s /s Sh/t, Grand Palladium ? Un fil rouge : Upton Park, société d’édition qui vient de muter en label (et plus).
Jour-J de l’entretien : Julien Banes est aphone… Cocasse ? Pas plus que le savoir condamné, en juin 2000, pour « provocation à l’usage de stupéfiants » en sa qualité d’éditeur de la chanson “L’Apologie“ de Matmatah… 2 ans plus tard, après avoir notamment commencé comme manager du groupe brestois, il co-fondait Upton Park Publishing avec son père Paul (ex-Immediate Records, Éditions Levallois…). Objectifs : rester indépendant et remettre l’artiste au centre des projets. Svinkels, Paul Slade, Gabriel Barry ou encore The Craftmen Club ? C’étaient eux (aussi).
Mais le “publishing“, c’est quoi au fait ? C’est l’anglicisme pour “édition musicale“ : la promotion et/ou l’autorisation d’exploitation d’une œuvre par les médias, les films, les spectacles ou encore les supports imprimés. « C’est un métier… et non un pourcentage à redistribuer aux différents acteurs de la filière », précise Julien. « C’est travailler au développement de chansons, puis en générer des droits et les gérer pour le compte des ayants-droits. »
Sauf que ce suffixe a progressivement disparu de la signature des e-mails d’Upton Park... À ça, plusieurs raisons : « Il y a 10 ans, nous étions au milieu de la crise. Beaucoup de labels ont fermé ou se sont mis en veille. Aujourd’hui, le crédit d’impôt phonographique, les aides de la filière (l’argent de l’industrie réinvesti dans l’industrie !), l’accessibilité des campagnes digitales (contre, autrefois, les spots radio/tv expansifs) et le rythme de croisière du streaming permettent d’entrevoir enfin des perspectives d’avenir pour les producteurs. »
Pour autant, si UPP assurait déjà occasionnellement ce rôle de “label“, l’entreprise se veut surtout une « boîte à outils souple ». Exemple : « Nous venons d’éditer et produire l’album de Xavier, en conseillant une sortie chez At(h)ome... Ou notre partie synchronisation [ndla : placement de musique dans un film, une série ou une publicité] est assurée depuis cet été par Creaminal… Les meilleures idées viennent souvent du collectif ! Chaque projet a sa couleur et doit bénéficier de son réseau propre. C’est aussi pour cette raison que nous n’aurons de “communication label“ ! Il ne faut pas que notre éditorial se surimprime à celui des groupes... »
D‘où est venu le déclic ? « Le fait que nous soyons adaptables correspond aux souhaits des artistes : ils viennent puiser un savoir-faire précis, tout en conservant leur indépendance. Ce sont des collaborations équilibrées, plutôt que des liens de subordination (qui perdraient en efficacité). Par exemple, le titre “Let’s Go“ de Stuck In The Sound vient d’atteindre 73 millions de vues sur YouTube ! Dont la plupart viennent… des États-Unis ou du Mexique ! À la fin de leur contrat avec Columbia, et alors que la France ignore encore leur explosion outre-Atlantique [ndla : ce fut le seul groupe français invité du YouTube Space de New York], il semblait important de monter une équipe autour de ce projet… »
Peut-on pour autant voir un trait commun chez les artistes Upton Park ? « Nous ne sommes pas une “écurie“, ni ne pratiquons le fétichisme... Si nous sommes généralistes, c’est parce que les artistes sont eux-mêmes éclectiques ! Ah si : ce sont tous d’excellents groupes de scène… La clé, c’est de l’échange entre les musiciens ET avec le public ! »
Un positionnement que les prochains mois confirmeront avec la sortie de nouveaux projets pour The Hyènes, Bigger, Catfish, Skopitone Sisko ou encore NSDOS… Qui a dit que l’industrie était moribonde ?
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(photo : Guendalina FLAMINI)