22 Juin 2019
Amers indiens
Cet hiver, à Paris... Un après-midi. Rendez-vous avait été pris avec une soudaine envie d’inédit dans un paysage musical homogène. On était donc là, naïfs, à deviser avec cet artiste échappé de ces zoos humains où l’on a relégué inuits et amérindiens. « Loin des yeux, loin du cœur » ? C’est évidemment le principe de ces réserves où le pardon et la honte se sont mués en assistanat condescendant. Voire en oubli…
Voyez ainsi comme l’Histoire, écrite par les vainqueurs, a donné le beau rôle aux cowboys (et à leur virilité érigée en modèle). Car c’est à rebours, via un sursaut écolo, que l’on prend conscience de certains enseignements ancestraux... Mais avez-vous conscience de l’humiliation subie et du renoncement induit ? Cet après-midi-là, on croit l’avoir compris : ce n’est pas seulement des corps qui ont été meurtris. Les esprits le sont encore aujourd’hui.
L’absence d’eau potable et de cours éducatifs, la christianisation et la modernisation forcées, le mépris social et l’indifférence internationale, jusqu’à ce rapport canadien ce rapport début juin évoquant un « génocide » féminin… Plus que de l’amertume, il y aurait de quoi alimenter une révolte, si l’on n’avait pas fait admettre à ces peuples premiers que – colonie oblige – leur sort est mérité.
Le concert de cet artiste, une fois la discussion clôturée, avait nécessairement une autre saveur dans ce bâtiment nourri aux subventions et éloigné d’une réalité n’appartenant pourtant pas au passé… Il n’y eu pourtant aucun cri ce soir-là. De simples sourires. De l’exotisme. Et un concert justement émouvant pour ce qu’il ne disait pas.
Alors, tout aussi naïfs, on a voulu raconter. Car les sauvages ne sont peut-être pas toujours ceux que l’on croit.