21 Avril 2018
Récession culturelle française
Les subventions publiques doivent-elles seulement récompenser et accompagner le risque ? La question est d’actualité avec l’arrivée de la version française du gigantesque festival électro Tomorrowland, prévue à l’Alpe d’Huez en mars 2019... Car pour faire venir ce blockbuster américain, il a fallu pas moins de 400 000 € de la région Auvergne-Rhône-Alpes ! Chiffre ne prenant pas en compte les aménagements pour créer des amphithéâtres naturels et pouvant pousser la douloureuse à quelques centaines de milliers d’euros supplémentaires…
Rajoutez à cela que l’édition belge (environ 2 millions de bénéfices nets par édition) ne réclame pas de subventions directes. Mieux : elle reverse de l’argent à la ville pour la mise à disposition des terrains !
Pas vraiment le même son de cloche en France : à 800 € le forfait (ski, hébergement et 3 jours de concert), quid d’un tarif social ? De la place laissée à la scène locale (et à son développement) ? De l’enrichissement de la société mixte gérant les remontées ? Qu’en est-il de la prise de conscience collective d’une globalisation culturelle ?
Séduits la médiatisation offerte par les grandes marques, nos élus sont en train de brader l’exception culturelle française, sans exiger de contreparties. C’est le drame de notre système électif : celui de croire que l’on peut se passer des experts et se concentrer sur l’unique court terme.
AEG, Live Nation et maintenant SFX Entertainment (détenteur de Tomorrowland)… Est-ce si chauvin de réclamer que nos oreilles ne soient pas aussi américanisées que nos assiettes et nos cinémas ? À l’image des abeilles en perdition, c’est tout un écosystème, pourtant essentiel par son maillage, qui est aujourd’hui en perdition.
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