23 Décembre 2017
Le point commun entre Martin Luther King, Stephen Hawking, Iggy Pop et Rage Against the Machine ? Des boy-scouts en pyjama avec pistolasers... Ringarde, la franchise ? Pas que. Plus qu’un marqueur générationnel, elle apparaît surtout comme le remède nécessaire à l’overdose Star Wars et autres super-héros Marvel.
Sept séries télés (la 7e a commencé fin septembre 2017), treize longs métrages, des centaines de romans et de comics (Marvel, mais aussi DC) ou encore une cinquantaine de jeux vidéo (Arcade, PC, consoles, online…). Voilà pour la simple production « officielle » de Star Trek… Soit, la franchise de science-fiction la plus déclinée au monde !
Première raison : son antériorité. La première série date de 1966, 11 ans avant Star Wars. De quoi taper l’incruste côté novellisations et bandes dessinées (dès 67), voire dans les premiers jeux vidéos (un text-based game a été créé en 71 !). La deuxième : les possibilités de développement, avec un récit étalé sur environ 11 siècles.
L’histoire est conne comme la lune : au milieu du XXIe siècle (les gars, c’est pour bientôt), l’humanité a développé le voyage spatial supraluminique, à la suite d’une période post-apocalyptique. L’espèce humaine se servira de ses rencontres pour créer la Fédération des planètes unies... À partir du XXIIIe siècle et via des apports extraterrestres, les hommes surmontent leurs principaux vices : éradication de la famine (grâce à des synthétiseurs moléculaires) ou encore suppression de la monnaie (annihilant pauvreté, sentiment de convoitise et une majorité des conflits). Pratique ! Située à différentes époques, les séries successives interrogent notre propre société par le prisme d’autres civilisations. Bref : une sorte de conquête de l’Ouest, sur fond de création d’un ONU interstellaire.
Héroïsme, dimension politique, réflexions existentielles, universalisme… Voilà pourquoi J.J. Abrams a tenté avec son film, en 2009, d’internationaliser la franchise. Jusque-là, et malgré ses records, celle-ci n’avait en effet intéressée que les Ricains.
Remontons à 1965, date de la première sortie dans l'espace d'un astronaute et de la rédaction d’un premier script censé concurrencer Buck Rogers et Flash Gordon. Ancien pilote de bombardier durant la guerre du Pacifique (avec pour théâtre un chapelet d’îles semblable à la galaxie…), le scénariste Gene Roddenberry souhaite avant tout créer un univers multiculturel et pacifiste. Ainsi, en pleine Guerre froide, la série originale présente le Russe Chekov et l’Américain Kirk, travaillant sereinement avec le Japonais Sulu. Nichelle Nichols y joue également la chargée des communications Nyota Uhura, soit l’une des premières afro-américaines à tenir un rôle principal à la télévision américaine.
Lors d'une rencontre entre Nichols et Martin Luther King, le pasteur dissuadera d’ailleurs l'actrice de quitter la série, arguant son « statut d’icône pour les mouvements noir et féminin » car son personnage a été recruté « pour ses capacités… et non sa plastique » (sic). L’histoire lui donne raison : dans l’épisode du 22 novembre 1968, l’actrice échange le 1er baiser interracial de l’histoire de la télévision américaine avec le capitaine Kirk. Pour l’anecdote, un « contrôle mental » est à l’œuvre, la Paramount craignant une fin de diffusion dans les États du Sud… Qui n’aura évidemment pas lieu.