Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

[INTERVIEW] royal DELUXE

[INTERVIEW] royal DELUXE

Avec 18 festivals pour cette seule saison, l’électro-pop de Deluxe est l’un des grands squatteurs de l’été. En cause : un charivari aux accents chantants qui sait ne pas se prendre au sérieux... Rencontre avec son guitariste, Pietre.


Par Deluxe, il fallait évidemment comprendre une version XL... Car avec cinq comparses (dont une femme) et autant de bifurcations sonores (hip-hop, soul, funk, jazz…), les sudistes voient la fête en grand : exubérante dans sa forme, polie et universelle dans son traitement. Pour preuve, c’est moustache au pif et costume au pied que le groupe d’Aix-en-Provence s’est offert comme parrains Matthieu Chédid et deux membres d’IAM. Joli grand écart... “My Game“ ou encore “Baby, That’s You“ sont à cette image : annonciateurs d’un été qu’ils peuvent tout aussi bien prolonger. Mais plus que l’incarnation d’une musique fantasque et bon enfant, c’est surtout en clip que la troupe remporte la bataille des esthétiques.


Avez-vous la nostalgie de vos débuts, quand vous jouiez dans la rue ?
Nous n’avons jamais eu pour but de « monter sur scène ». Nous vivions d’animations de mariage ou de soirées et jouions sur les pavés 4 / 5 fois par semaine… Notre appartement, où nous vivions en collocation, était d’ailleurs payé comme ça. En soit, c’était déjà un vrai travail ! Ça reste de bons souvenirs, même si après 5 ans de rue, cela fait du bien de franchir une autre étape. La rencontre avec Chinese Man records fut donc déterminante. Mais ce n’est pas innocent si nous avons désormais monté notre structure et tournons nous-même nos clips…

10e groupe à être « squatteur de festival » cet été, c’est une pression ou une excitation ?
Le pire, c’est que ce n’est pas la première fois que nous apparaissons dans ce classement… Mais nous avons grimpé dans le tableau des scores ! Pour le reste, c’est un peu des deux : le stress du à la volonté de ne pas vouloir décevoir et l’empressement à vouloir y retourner. Quand on regarde les images tournées l’année dernière, cela rend logiquement nostalgique ! En dehors de la scène, nous passons notre vie ensemble : matchs de foot, vacances... Et si nous sommes plutôt sérieux en tournée – notre show demande un grand effort physique – seule la fatigue nous arrête quand on a décidé de s’y mettre…

Vous revenez tout juste de Marseille où vous travailliez sur votre 3e album studio…
Il sortira avant fin 2018. Promis ! On veut seulement prendre notre temps... À chaque disque, on se dit qu’il ne sonne pas assez live… Ce n’est pas pour rien que nous avons édité un enregistrement en public en 2016. Puis, au-delà de cette volonté de restituer une énergie, on s’attache tout de même à certains calmes… Après tout, la musique, ça s’écoute aussi dans la voiture, non ? On essaie donc de maintenir cet équilibre. Je pense également qu’entre deux parties de Fifa, nous allons continuer à composer en tournée ou faire tourner de vieilles mélodies pour voir si elles peuvent aboutir…

Étonnant comme en promotion, les mêmes questions reviennent autour de vos moustaches et de l’explication du nom du groupe… Vous vous attendiez à ça ?
M’en parle pas ! C’est pour cette raison que nous avons tendance à tourner les interviews en dérision… Tu es obligé de fuir la monotonie… En espérant, bien sûr, que le journaliste ne le prenne pas pour lui, hein. Et puis franchement, notre avis est souvent peu important… On peut se raconter, pourquoi pas, mais certainement pas être péremptoires sur les autres.

Vous préférez vivre au jour le jour ?
C’est déjà tellement incroyable ce qui nous arrive qu’il serait immodeste d’établir des stratégies à long terme. Nous tenons déjà à assurer le présent avant d’envisager l’avenir, même s’il ne va pas trop falloir trop tarder pour le prochain album. En tout cas, vieillir dans ces costumes n’est pas si grave. Pour l’instant, nous n’y sommes pas étriqués et allons même les faire évoluer. Pas d’album solo non plus de prévu… Nous avons encore trop l’esprit de bande… (Il réfléchit) Non, mais tourner seul après tout ce que l’on a vécu ? Quelle angoisse ! Je ne comprends pas comment certains font.



> Site web

(Chinese Man records / Nanana productions)
© Boby

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