3 Décembre 2016
La phrase bastonne plus qu’un mantra. Mieux qu'un slogan : elle sonne l'envoi… Forcément, la formule claque. Marque ! Mais pas seulement. Une fois posée, on se dit qu'il y a tout de même de quoi s’interroger.
Premier élan en 2003, entre chanteur-guitariste (Hugo) et bassiste (Thomas), âgés de 13 ans. Et le visionnage d'un clip des White Stripes qui rend le besoin d'en découdre évident. La nécessité de défier les complexités familiales. De réhabiliter le bruit et le bordel ambiant dans un Montpellier où l’électro a pris ses quartiers… Puis viendront les écoles de lutherie et de jazz pour gonfler les rangs (Ari à la guitare). L'académisme et la volonté de s'effacer derrière l‘énergie. 2014 : arrivée de Romain à la batterie et nouveau départ... Avec enfin des possibilités d'Histoire.
Bien sûr, le quatuor a une passion pour les rencontres historiques : The White Stripes donc, mais aussi Arctic Monkeys, The Strokes et autres Nirvana... Pas de quoi se vautrer dans le pastiche nostalgique pour autant. La faute à un garage-grunge dépoussiéré à l'insouciance. De celui qui vous renvoie dans les cordes nineties. Comme des envies d’urgence. Même le nom du groupe (« maudit ») ou de leur album (« haine du son ») sent le rire jaune… Taquin. De ceux qui avancent masqués, certains de leur effet. Du qui vise la gagne et nous épargne des effets de manche.
Se désinhiber, provoquer le coma pour se raconter... Évidemment. Se coucher ? Rarement. Ou sur papier... Car il a sans cesse fallu batailler contre la pudeur, convertir son blues en rock, envisager la mélodie comme un opposant, sans temps mort. Être plus fort, taper plus dur. Et enlever les gants pour frapper sous la ceinture... Les riffs ? Écrits à la rage, bazardant l’âge au profit de l’expérience. La garde faussement baissée pour mieux (up)percuter. Et cette conviction : être né pour jouer.
On a tord de sous-estimer les poids-plumes. Il y a eu, certes, les combats en amateur, des squats, les mauvais plans… Ou comment tomber pour mieux se relever, jamais crâneurs, toujours clinquant. Inlassablement sur le ring pour y revendiquer la gagne, les visages déformés et les corps ruisselants. L’éclate ! Kursed cumule ainsi les 300 matchs sans abandon. Assez pour travailler le jeu de jambes et se faire les dents. Suffisamment pour couper le souffle d’adversaires aux Inouïs du Printemps de Bourges, Bars en Trans, This Is Not A Love Song ou encore sur le plateau de Canal+...
Misophone, leur premier album en qualification pro ? Enregistré dans la foulée de leur E.P. Apple (rentrée 2015), en 5 jours/rounds, avec Lionnel Buzac – chanteur et guitariste du groupe Soma. Le sparring-partner leur a appris la patience. Exit les fioritures : on guette l’occasion. L’ouverture. Pas de victoire aux points, non, mais par K.O… Sacré pronostique pour une formation qui trouve ici son second souffle. Illico.
Le tracklisting a d’ailleurs des allures de gagnant : dès les premières notes de Rock’n’Roll, ça bondit, avec le gosier qui gratte et la rage en dedans. La voix prend de la hauteur sur AllMighty, avec son riff aux pas lourds, imperturbable face au tambourin qui nargue en coin. Échauffement sautillant sur Toy, puis hostilités avec le single Apple et ses accélérations dans les virages ou chœurs en contrechamp... Écoutez ces baguettes jouant les trouble-fêtes sur Deep Sleep, avant de laisser titubant sur Archimedes. Chant de la victoire et guitare en guise de trompette sur Crow… En sueur. Par terre. En sang. Ne restera plus qu’un retour au vestiaire au son de la ballade Love of death… Sacré bestiaire.
Boxer ? Ha ha. Quelle idée !
Sauf si, comme ici, c'est pour le faire dans la cour des grands...
Effectivement.
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