Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

LAS AVES : be pop & oula !

LAS AVES : be pop & oula !

En passant de The Dodoz à Las Aves, le quatuor a entamé une mue. De quoi quitter le nid du volatile garage toulousain pour planer du côté de l’électro-pop parisienne. Un nouvel envol, tant professionnel que personnel.


Si le nom “Phoenix” n’était pas déjà squatté par le groupe versaillais, le symbole de la renaissance aurait été parfait. En changeant de nom, de style, voire de ville, les ex-The Dodoz ont en effet décidé de viser de nouveaux horizons. De quoi regretter leurs anciens rivages ? « Ils ne sont jamais loin, précise Jules (guitare), car le live est beaucoup plus rock. Nous y avons gardé des guitares saturées, par exemple. Nous cherchons surtout à fuir le linéaire et les réflexes, quitte à être inégaux... Nous sommes juste contents que notre musique aille désormais plus loin que la simple énergie. »
Pas que l’on veuille faire de la psychologie de comptoir, mais il y a de quoi s’interroger légitimement sur les raisons personnelles de ce virage, tant l’approche musicale y est plus réfléchie et posée... Maturité ? « L’âge joue sans doute, mais même lorsque nous faisions du rock, nous n’étions pas influencés par le style. Pour ma part, j’écoute surtout Animal Collective, Soulwax ou Metronomy… La dimension garage venait surtout de notre mode d’enregistrement. »

Cette transformation, on la doit notamment à Dan Levy (The Dø) avec qui le groupe avait partagé une scène. L’artiste a d'ailleurs joué les producteurs sur l’album, poussant les Las Aves dans leurs retranchements : « On a débattu sur tout ! Dan est quelqu’un d’hyper passionné et aimant étirer les discussions jusqu’au bout. Par exemple, nous faisions sonner nos guitares comme des synthés... Du coup, sans rien nous imposer, il nous a proposé de passer directement aux claviers… C’était génial ! Ce type est comme un psy musical. » Avouant, en aparté, que cette prise de recul nécessaire est parfois « douloureuse » car elle remet « beaucoup de choses en question ».
Ont-ils pour autant eu peur de sonner comme The Dø ? « Évidemment ! Ce fut d’ailleurs le sujet de nos premières discussions… Mais nous n’avons pas la même façon de composer. Une vision commune, certes, mais pas le même chemin pour y parvenir. » Intéressant d’ailleurs que le groupe, qui aime revendiquer un amour pour les « accidents », choisisse tout de même une direction musicale plus produite… « C’est vrai. Mais ce fut aussi l’enregistrement le plus spontané. Celui où nous avons pris le plus de risques. La preuve : beaucoup de prises de notre pré-enregistrement, dans la chambre de Géraldine (Ndlr : chanteuse), ont été conservées… »

Pop futuriste ? Pas seulement vu les synthés analogiques 70’s utilisés… « Cette ambiguïté nous plaît. Nous avons toujours été fans des bandes originales de Romero et Carpenter, voire de Zombie Zombie. La pochette de Jacques Parnel a été choisie sur ce principe : quelque chose entre King Crimson, Pink Floyd et… les Sims. Impossible à dater ! Et puis, c’est un vieux monsieur, pas un graphiste de 20 ans… »

Solidays, Garorock, Eurockéennes, Vieilles Charrues, Sziget… Le groupe enchaîne les gros festivals cet été, sans pour autant ressentir de pression : « C’est plutôt une récompense ! La pression était là quand nous nous cherchions. Nous avons atteint ce que nous pouvons offrir de mieux en concert. Peu importe la taille de la scène, on conserve par exemple les instruments au centre. On a besoin de transpirer et se cogner, plutôt que d’être chacun sur un cube. Je pense que cette énergie se ressent. Même de très loin… »


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