10 Octobre 2015
Lors de son concert complet à L’Olympia le 5 octobre, le Sénégalais – ancien rappeur reconverti dans le gospel a cappella – a prouvé que l’efficacité n’avait pas besoin d’artifices.
Membre fondateur du groupe hip-hop Daara J, Abdou Fatha Seck (aka Faada Freddy) vole de ses propres ailes depuis quelques années. Résultats : un premier maxi, Untitled, en avril 2014, un album Gospel Journey, en mars 2015 et une nouvelle orientation musicale basée sur un mix beatbox/soul/gospel… Soit, cinq personnes sur scène avec leur seule voix (et leurs mains) comme instrument.
La formule s’avère gagnante : premières parties de Zaz, Ben l’Oncle Soul, Bernard Lavilliers, Asaf Avidan, Tiken Jah Fakoly, Bénabar ou encore Lenny Kravitz ; concert aux Francofolies de La Rochelle… 2015 a rappelé qu’une formule simple – bien que technique – pouvait avoir une résonnance au sein d’un large public.
Car le succès de Faada Freddy est un symbole à plusieurs niveaux. C’est d’abord une victoire sur les productions sophistiquées, éternelle rengaine radiophonique en guise de syndrome de la Tourette. C’est aussi une synthèse parfaite de plusieurs époques et continents, jouant les grands écarts apatrides entre messe de Harlem (New York), tradition orale africaine, jam de MJC et expression urbaine de haute volée.
C’est enfin, et surtout, la revanche d’une forme d’authenticité. Chapeauté et éternel sourire aux lèvres, le MC ne boude pas son plaisir, esquissant déhanchés charismatiques et envolées d’une voix au grain patiné.
Même à l’évocation d’un « J’invite tous les gouvernements à utiliser l’arme la plus puissante du monde : l’amour ! », la sincérité en excuse la naïveté. Humanisme et universalité sont propres au genre, depuis toujours influencé par la religion. Il suffit de vivre « Letter To The Lord » pour comprendre que le fond tient moins d’un prosélytisme que d’une histoire de chœurs. Qui plus est : communicative.
Le public, athée comme croyant ou professionnel, est acquis dès le début, ne retenant qu’une communion collective, délavée de toutes références éthno-sociales.
Et si l’on est moins séduit par les essais « électro-dance » du répertoire, on ne peut qu’être admiratif de la tentative de décloisonnement. Idéal pour ce show (tout de même) parfaitement rodé, aux éclairages judicieux, aux gestes travaillés et au timing joyeusement étiré (invités beatboxeurs, solo des choristes…) pour faire face à la courte set list. Il n’aurait de toute façon pas fallu plus, afin de garder intacte cette énergie juvénile.
Mention spéciale à la reprise de Bob Marley « No Woman No Cry », en rappel, tant pour son mimétisme bluffant que sa réappropriation toute aussi marquante. Sincérité, là aussi.
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