4 Octobre 2015
Lancée en 2012, la structure malgache – inédite dans l’île – se décline en trois volets : un label, un festival et un studio d’enregistrement. Objectif ? Développer les musiques actuelles malgaches, tout en accompagnant la scène émergente.
Amoureux de son pays, passionné de musique et éternel optimiste, Gilles Lejamble ne s’est jamais satisfait de la fatalité. Ancien producteur de cinéma (« Tabataba », un des seuls films malgaches programmés au festival de Cannes), cet auto-entrepreneur crée Libertalia-Music, convaincu que le regain d’intérêt pour le pays et la création de nouveaux repères pour la jeunesse se feront par le biais de la culture. Avec un leitmotiv : se positionner à l’international, professionnaliser le secteur et travailler sur le long terme.
// Libertalia-Music Records
En l’absence de structures-relais locales, le label a été pensé sur un modèle 360°. Ses champs d’intervention vont ainsi du développement artiste, à l’enregistrement, la production et l’enregistrement de disques. Véritable interface avec les artistes, il prend également en charge le conseil artistique et juridique, l’assistance administrative et la promotion. L’ensemble est géré grâce à une équipe à échelle humaine et son propre studio d’enregistrement (le seul professionnel de l’île, également ouvert à la location extérieure).
Au-delà du groupe rock'n'roll The Dizzy Brains (programmés aus Trans Musicales), le catalogue du label a signé plusieurs autres projets artistiques. A commencer par Silo, un des plus connus et talentueux jazzman de Madagascar, capable de troquer son clavier contre une guitare électrique pour un power trio grunge. Voire d’adopter, à l'occasion, des formes plus urbaines. Salué récemment pour sa prestation au Iomma 2015, l’artiste – également arrangeur – a travaillé avec de nombreux artistes internationaux (Céline Bonacina, Linley Marthe, Nicolas Folmer, Paco Sery, Stephan Eicher…) ou encore tourné dans tout l’Océan Indien et aux Etats-Unis. Mafonja – ancien membre d’un célèbre boys band local de hip-hop – s'est, lui, reconverti en guitariste mêlant musique traditionnelle des Hautes Terres, trip-hop et reggae. Tsiliva, « roi du Kilalaky » (style traditionnel et fiévreux, basé sur la danse), emprunte des chemins afrobeat/funk. Quant à Christelle Ratri, la bassiste rock-soul propose une voix puissante au service de chansons étirées.
Preuve, une fois encore, que Madagascar possède des formations artistiques restreintes et résolument actuelles, s’adaptant aux différents marchés musicaux internationaux.
// Libertalia-Music Festival
Incubateur de talents, le label a aussi lancé en parallèle son propre événement live, décliné sur trois jours. De quoi mettre en son et lumière la scène émergente malgache, dans un pays où tout se vit en musique. Depuis 2012, ce sont ainsi une dizaine de concerts qui sont joués devant un parterre de professionnels européens (journalistes, tourneurs, producteurs, programmateurs) et un public exponentiel.
Entièrement financé sur des fonds privés, la manifestation mixe artistes du label et appel à candidature. Des échanges culturels et résidences artistes sont également proposés dans le off. Exemples en 2015 avec la rencontre entre le malgache Silo et les Français Sax Machine (Trans Musicales 2014) ou celle entre Tence Mena et l’Iranien Arash Khalatbari (MEG Montréal festival).
Une initiative saluée par RFI, France Inter ou encore Mondomix, donnant chaque année lieu à des captations vidéo et des photos pour les besoins de ces artistes en devenir.