Samuel Degasne

Journaliste dépendant & théoriste musical.

KrisMenn & AleM : la voix est libre

Le premier vient des Côtes d’Armor et pratique le kan ha diskan, ce chant / contre-chant traditionnel breton où un meneur pose le couplet repris ensuite par un autre chanteur. Typique du fest-noz, avec petit doigt en l’air et marche en quinconce… Le deuxième ? Un Lyonnais faisant du human beatbox (l’art d’imiter des instruments avec sa voix).
 


 

L’ensemble, uniquement a capella, n’aurait pu être qu’un simple concept à la résonance locale. Sauf que le duo, propulsé première partie des électro-punks anglais Prodigy lors des Vieilles Charrues 2015, fut – contre toute attente – LA révélation du festival.
Car il y a déjà tout chez eux. L’expérience : un KrisMenn multi-instrumentiste (guitare, contrebasse, batterie…) qui a multiplié les collaborations (Erik Marchand, Louise Ebrel...) et les styles (bluegrass, dubstep, rap en breton, etc.) ; un AleM multi-primé (double-champion du monde 2015 de human beatbox, vice-champion en 2012), animant des ateliers pédagogiques (milieu associatif, écoles de musique) et ayant accompagné plusieurs groupes (jazz, gospel, musique irlandaise…). « Notre genre, c'est le mélange de générations (modernité Vs traditions), voire l'alliance des géographies (ouest Vs sud) et des styles (chant breton Vs hip-hop). »

Résultat ? Un chaud-froid déconcertant et inclassable, sonnant pourtant comme une évidence. Sur scène, l’énergie reste palpable, sans autre apport que la langue et le diaphragme. Sacrée leçon pour les groupes régionaux en devenir : nul besoin d’avoir recours à une lourde orchestration ou de sacrifier ses origines pour sonner contemporain. « Nous sommes aussi à l'aise dans un théâtre de Montmartre, au festival du Bout du monde ou en intervention en milieu scolaire. »

La sincérité du projet fait le reste.

 


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