25 Avril 2015
Janvier 2015. Échanges à propos de la photo d’un artiste qu’il aurait fallu faire valider avant parution, à l’heure où les #JeSuisCharlie prônent pourtant une liberté d’expression. Et cette phrase, d’un attaché de presse, trouvant le précédé légitime : « Journalisme ? Tout ça n’est que d’la pub. SURTOUT dans (le magazine gratuit) Longueur d’Ondes… »
Passons rapidement sur la jeunesse de l’intriguant ou les contorsions a posteriori sur le mode « pas-vraiment-dit-ça »/ « je-vous-adore » (et tant pis pour les témoins). Le tout se gérerait d’un haussement d’épaules si le propos n’était pas aussi grave, voire condamnable. Car oui, la publicité déguisée est sanctionnée, tout comme prétendre que d’autres s’y adonnent.
L’anecdote, banale et n’intéressant surement que les initiés, pose tout de même en creux une question : faut-il déduire que toute presse gratuite est poubelle ? Le prix d’achat fixe-t-il le niveau d’étique ? Une pensée émue pour ces magazines féminins tapinant avec le rayon beauté… En bazardant l’éthique, et ce avec plus de 80 artistes par numéro, Longueur d’Ondes aurait pourtant de quoi assurer sa retraite. Don’t act.
Mais prenons du recul…
Est-ce due à l’absence de relance économique pour le secteur privé ? À l’endettement sévère de notre État et que les politiques successifs n’arrivent plus à endiguer ? Ou à la traditionnelle sinistrose nationale ? Allez savoir. Rarement les coupes budgétaires auront marqué autant les structures culturelles, éternelles et tristes variables d’ajustement des stratégies financières à court terme.
Économies, restrictions, caisses vides, cas non prioritaires et autres on-verra-plus-tard… Ils n’ont que ces mots à la bouche depuis les dernières municipales de mars 2014. Et ce sont ainsi près de 143 lieux et événements qui ont été supprimés/annulés d’un côté et quelques médias qui s’éteignent de l’autre. D’où la recherche de solutions qui sonnent, pour certains, comme des compromissions.
Se serait pourtant oublier qu’il y a une suite logique à maintenir cette chaîne alimentaire (les petits nourrissant les grands) et dont la lutte darwinienne ne facilitera que les plus populistes. Il faut maintenir l’émergence de jeunes talents et travailler l’ancrage local, faute de quoi il n’y aura plus de renouvellement. Un fossé difficile à rattraper. Soutenir les indépendants, c’est donc lutter contre l’uniformisation.
Depuis 33 ans, Longueur d’Ondes estime que la découverte doit être accessible à tous, quelque soit sa bourse. Autant que le journal tente de ne pas sacrifier sa volonté de maintenir une information de qualité, ni de céder aux sirènes mercantiles (aucun publi-communiqué, ni d’achat de la « Une »). Un engagement qui a besoin d’un soutien constant et qui, aujourd’hui, n’a finalement jamais été aussi politique.
Jugez sur acte
Stoppons donc les clichés et la condescendance ! Si cela n’exempt pas de recherche de financements, une ligne éditoriale n’a pas à être « influencée » – Christine and The Queens en a fait les frais avec le magazine Elle. Au contraire, un journal doit rester libre de ses photos ou articles dans les limites de la loi (diffamation, vie privée…). Tada ! Liberté d’expression, nous revoilà.
En réalisant une enquête sur Pascal Nègre, mise en couverture du précédent numéro, Longueur d’Ondes ne pense pas partenariat ou sanction, mais « information d’intérêt général ». D’autant plus que le PDG d’Universal Music retweetera le dossier, pourtant peu complaisant, à ses 67 000 abonnés. Preuve qu’il peut exister un respect mutuel entre profession…
Certains pourraient en prendre des leçons ?